Dans les airs nos mains tracent des signes étranges. Elles accompagnent nos mots, les prolongent, ou cherchent à exprimer ce qu'ils ne sauraient dire. Fines, elles laissent apparaître notre vraie silhouette, diaphanes, notre âme à fleur de peau. Entre les nervures frémissantes qui rayonnent jusqu'aux premières phalanges, une profondeur mobile se tient tranquille, comme un lac aux eaux lisses et soyeuses dont la surface irisée protège bien le secret. Tant d'habileté au bout des doigts ! Tant d'intelligence, de finesse, mais aussi tant de grâce et de beauté réunies, qu'il semble que dans ces fragiles élongations ce soit l'esprit lui-même qui lamine la pâte, là où la chair se fait plus rare. laissant affleurer la vie profonde.
Par la délicatesse de leurs articulations, les mains ne dévoilent pas un squelette mais plutôt une membrure dont la chair serait à la fois le feuillage, la fleur et le fruit, la clarté qui les enveloppe, comme un jour qui viendrait de l'intérieur. Je le sens bien, l'Esprit lui-même a façonné cette main, au terme d'une longue, d'une inconcevable patience, en la modelant toujours plus finement, plus lisse, en l'effilant dans les airs. Contemplons cet étonnant travail au secret de la chair, tout en finesse, en subtilité, jusqu'au pétale nacré d'un ongle, arraché à la rudesse, à l'âpreté des griffes, des serres et des crocs. Il ne nous est pas indifférent que l'extrémité de notre corps se termine par cette transparence.
PHILIPPE MAC LEOD est écrivain, il a publié plusieurs recueils de poésie. Son dernier ouvrage, D'eau et de lumière, est paru aux éditions Ad Solem.
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