Windigo (Images du journaliste)

Windigo

Dans le cycle des films sur le journalisme présentés à la Cinémathèque depuis le 19 janvier, j’ai assisté vendredi soir à la projection de Windigo ,de Robert Morin. Ces films , choisis par André Lavoie, nous ont offert les différentes visions que peut avoir le cinéma du rôle du journaliste, de sa position face à l’évènement, de ses états intérieurs , éteints ou étalés,  selon le regard du cinéaste.

Porté par une histoire purement fictive qui fait écho aux évènements de la crise d’Oka, le film raconte l’histoire d’un journaliste chargé de suivre le dossier de la situation critique d’un peuple autochtone du nord du Québec, dont les territoires sont envahis par des exploiteurs de la forêt. On pourrait s’ennivrer du seul récit de ce peuple entrainé par les idéaux de son leader vers une déclaration d’indépendance et une fidélité à son intégrité de nation.

Mais, dans le contexte des « Images du journaliste » , il est intéressant de suivre les états d’âme de ce journaliste ( Guy Nadon ) en voix off, accompagné de son caméraman. Se considérant d’abord ,

Amène ton Kodak Labrecque!

au début de l’expédition, comme un personnage de théâtre soucieux de son image, il s’efface peu à peu, intimidé par la force, la colère et l’authenticité de cet idéal d’un peuple, pour finalement , lors du dernier commentaire filmé qu’il devra faire, s’abstenir totalement , dans une crise intérieure absolue .

Jouissif, ce petit clin d’oeil de Morin au cinéaste J.C. Labrecque dans le rôle du caméraman accompagnateur : « Tu connais Labrecque ? Amène ton kodak . »   Nous, à Frogradio, qui sommes plongés dans les archives de ce géant par les temps qui courent, pour le tournage de Afin que l’on se souvienne.

Jeannette Myles pour Frogradio