Aujourd’hui, dans l’émission Salut les Terriens, sur Canal+, le porte-parole du gouvernement, François Baroin s’est à son tour employé à défendre notre Ministre des Affaires étrangères après sa malencontreuse intervention à l’Assemblée nationale. Il l’a fait avec une morgue et une mauvaise foi que je tenterai de détailler prochainement. Il a notamment entonné un plaidoyer dans lequel il invoquait tour à tour la « real politik », la non-ingérence, notre passé colonial et « l’approche différente de la démocratie » (sic) des Chinois. Une journaliste tunisienne, Madame Mabrouk, lui fit observer qu’entre la non-ingérence et l’indifférence, il y avait place pour une autre politique.
Ce qui est consternant chez ces ministres, c’est que leur principal argument est toujours digne d’une cour de récréation : « Regardez Jospin, regardez Strauss-Kahn » et ils ne répugnent pas non plus à se réfugier dans l’hypothétique : « Que diriez-vous si un tel ou tel autre avait fait cela ? ». Je ne leur rappellerai pas ce que l’on pourrait dire de ma grand-mère si elle en avait mais citerai simplement le mot célèbre d’un titi parisien : « Avec des si, on mettrait Paris en bouteille ».
Soucieux de montrer que les démocraties ont également pu réprimer brutalement des manifestations, François Baroin a mentionné les émeutes de Los Angeles qui ont eu lieu en 1992 sous la présidence de Georges Bush père et a attribué leur gestion à Obama ! Comme quoi, avant de parler, il est toujours plus prudent d’activer le cerveau. Il a ensuite mis en regard le savoir-faire de nos propres forces de sécurité grâce auquel des millions de personnes avaient pu manifester contre la réforme des retraites sans un seul tué. J’ai alors relevé avec satisfaction que le nombre des manifestants, jusqu’ici si chichement limité à des centaines de mille, avait d’un seul coup bondi à des cimes millionnaires.
M. Baroin s’est aussi glorifié du fait qu’il en était allé de même pour les émeutes de 2005, oubliant que leur origine était précisément la mort par électrocution de deux jeunes, apparemment non délinquants, qui s’étaient réfugiés dans l’enceinte d’un transformateur EDF alors qu’ils étaient poursuivis par des policiers. Ceux-ci avaient fait ensuite des déclarations mensongères et sont sous l’inculpation de non-assistance à personne en danger. Pour faire écho à des déclarations de même nature faites par d’autres avocats de MAM avançant que mai 1968 s’était déroulé sans victime, je rappellerai par contre que, si Malek Oussekine a alors bien trouvé la mort en décembre 1986, c’est assurément du fait de l’exquise modération et de l’immense savoir-faire des voltigeurs de notre police.
La poursuite des manifestations en Algérie donne encore plus d’actualité à la question que je voudrais voir posée à MAM : « Quid de sa proposition d’assistance sécuritaire à l’Algérie ? ». Et si notre expertise est telle, qu’attend donc notre ministre pour se porter au secours des manifestants en Albanie ou en Biélorussie ? Là au moins, notre coopération ne risque pas d’être suspectée d’arrière-pensées colonialistes.
Comme d’habitude, la première partie de l’émission s’est conclue par l’intervention de Stéphane Guillon qui ce soir était littéralement déchaîné. L’hilarité du chanteur Cali et les mines figées de Mme Chirac et de M. Baroin composaient un spectacle des plus réjouissants. Courez-y ! Guillon se trouve en partie 3.