Résumé: 1966. Récupérée par la police alors qu’elle vient de brûler une maison abandonnée, Kristen (Amber Heard) est envoyée dans un institut psychiatrique. Placée dans un pavillon spécial, elle ne tarde pas à se lier d’amitié avec les autres patientes de celui-ci. Mais elle réalise aussi très vite que quelque chose de dangereux rôde dans les parages, bien déterminé à éliminer les patientes du pavillon…
10 ans. Il aura fallu dix longues années à John Carpenter pour revenir dans les salles obscures. Après un passage à moitié réussi par la télévision dans la série Masters of Horror (un épisode excellent dans la saison 1 et un épisode assez ridicule dans la saison 2), le réalisateur légendaire nous livre donc cette année son nouveau cauchemar sur pellicule.
Autant le dire tout de suite, The Ward ne comptera pas parmi les chefs d’œuvres du maître que sont Halloween et The Thing par exemple. Mais ce n’est pas pour autant un film honteux comme a pu l’être Ghosts of Mars. Non, The Ward est un solide thriller fantastique qui permet à Carpenter de revenir tranquillement à son genre de prédilection. Un retour humble, pour un film solide et appréciable. Les fans ne seront pas dépaysés, tant The Ward respire la patte de son auteur : une réalisation classique mais soignée, un thème musical entêtant, une histoire se déroulant en huis-clos et mettant en scène un groupe se faisant méthodiquement décimer… Bref, on est en terrain connu.
La nouveauté, c’est que le casting est quasiment exclusivement féminin, ce qui, vu son intrigue, donne l’impression que le film est une sorte de pendant féminin de The Thing. On le sait, Carpenter aime découvrir de nouveaux talents, et les jeunes actrices interprétant les patientes (dont Lyndsy Fonseca, vue dans Kick-Ass, et Danielle Panabaker déjà à l’affiche des remakes de The Crazies et de Vendredi 13) sont toutes plutôt convaincantes. La magnifique Amber Heard (la Mandy Lane du film éponyme) domine néanmoins largement ses camarades et porte sans effort le film sur ses épaules, venant rejoindre le panthéon des femmes combattives chères au réalisateur, aux côtés de Jamie Lee Curtis, Adrienne Barbeau ou encore Natasha Henstridge.
Niveau réalisation, Carpenter n’a pas perdu la main, et réussit à maintenir un suspense constant sans avoir à tomber dans la surenchère. Il emballe même quelques très beau plans dans les scènes oniriques et flashbacks mystérieux parsemant le film. Les apparitions du fameux fantôme sont efficaces, et les scènes de mise à mort assez douloureuses, même si le film n’est pas extrêmement effrayant. C’est d’ailleurs certainement le principal reproche qu’on pourra lui faire. Car même si on est rapidement pris dans l’histoire, le film ne crée pas de terreur sourde comme pouvaient le faire The Thing ou L’Antre de la Folie. La faute certainement à un script un peu trop balisé (même s’il évite de façon adroite certains clichés comme l’infirmier violeur de patientes ou l’infirmière sadique). L’histoire est comme souvent chez Carpenter assez simple (il s’agit d’une classique ghost story, rappelant parfois Fragile de Jaume Balaguero), même si pour la première fois de sa carrière le réalisateur cède à la mode du twist final. Un twist plutôt bien amené et logique (tous es éléments étranges du film sont explicités par celui-ci), même si totalement décalqué sur celui d’un autre film dont on taira le nom pour ne pas gâcher la surprise.
Donc voilà, The Ward n’est pas un chef d’œuvre instantané, ni un immense film de trouille, juste un bon thriller fantastique, qui permet au réalisateur de se remettre en scène en prouvant que, contrairement à certains de ses confrères (du côté de Pittsburgh ou de l’Italie), il n’a pas encore perdu son talent. Espérons que cette mise en bouche savoureuse ne soit qu’un préambule à un retour plus fracassant.
Note : 7/10
USA, 2010
Réalisation : John Carpenter
Scénario : Michael et Shawn Rasmussen
Avec: Amber Heard, Lyndsy Fonseca, Mammie Gummer, Danielle Panabaker, Jared Harris
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