L'abbé Francis Michel est curé de Thiberville depuis près d'un quart de siècle [la photo provient d'ici]. En tant que tel il est malheureusement placé sous l'autorité de l'évêque d'Evreux, Mgr Nourrichard.
Malheureusement, parce que le diocèse d'Evreux a la particularité dans une Eglise de France sinistrée, d'être un diocèse encore plus sinistré que les autres. A l'exception d'une paroisse, celle de Thiberville.
A cette exception il y a une bonne et sainte raison : son curé s'occupe avant tout du salut des âmes et il obtient le reste par surcroît. Il est d'abord pasteur avant d'être administrateur, comme le serait un vulgaire bureaucrate.
Mgr Nourrichard a un comportement inverse. Au lieu de s'occuper d'abord des âmes, il s'occupe d'administration, comme un vulgaire syndic de faillite. Il y a pénurie de prêtres ? Il répartit la pénurie, c'est-à-dire qu'il réorganise le diocèse en unités interparoissiales plus grandes. S'il avait ne serait-ce qu'un commencement d'authentique charité, il donnerait en exemple à ses autres clercs le curé de Thiberville et leur demanderait de le célébrer avec des palmes. Seulement voilà, ce serait aller à l'encontre de ses intimes convictions, ce serait se renier, ce serait reconnaître que son apostolat a fait faillite, faute de se souvenir que Dieu doit être premier servi plutôt que son petit ego, que le salut des ouailles doit être le véritable but poursuivi par un successeur des apôtres.
Le 19 juin 2009 Mgr Nourrichard décide donc de regrouper la paroisse de Thiberville à d'autres paroisses, autrement dit de la démanteler, et de ravaler son curé au rang de prêtre coopérateur sous l'autorité d'un confrère qui ne lui veut pas que du bien, sans doute parce que jaloux de ses succès, qu'il aurait été bien incapable d'obtenir. Le 3 janvier 2010 l'abbé Francis Michel aurait dû dire sa dernière messe à Thiberville. Mais ses ouailles ne l'entendent pas ainsi et s'y opposent. Lui-même ne peut se résoudre à détruire l'oeuvre de sa vie, au service de Dieu et de ses fidèles.
La restructuration du diocèse masque donc un différend plus profond, qui peut se résumer ainsi, comme je l'ai fait le 3 février 2010 sur ce blog ici :
"Il n'y a rien
à reprocher à l'abbé Francis Michel sinon d'avoir "une sensibilité traditionnelle" et de se conformer à la volonté
de Sa Sainteté le pape Benoît XVI, c'est-à-dire :
- de situer le Concile Vatican II dans la continuité de la tradition millénaire de l'Eglise
- de donner sa place au rite extraordinaire de l'Eglise à côté de son rite ordinaire
- de célébrer la messe tourné vers le Seigneur, en communion d'élévation vers Dieu avec les fidèles
- de se préoccuper et de
s'occuper avant tout des âmes qui lui sont confiées à l'instar du Saint Curé d'Ars à qui il a été laissé 40 ans pour ce faire
- d'être soutenu en retour par les laïcs de sa paroisse, qui assument ainsi pleinement leur promotion voulue par le Concile Vatican II.
Autant de choses propres à susciter la jalousie de confrères qui ont bien du mal, dans leurs églises désertes, à faire venir les fidèles, sinon à les retenir, et qui se réjouissent, en
toute charité chrétienne, des avanies infligées par leur évêque incompétent à l'abbé Michel."
L'abbé Francis Michel a déposé trois recours à Rome, tous trois rejetés, sans que soient connus les attendus précis de ces rejets. Nous connaissons le dernier de ces rejets par une lettre épiscopale du titulaire d'Evreux, datée du 14 janvier 2011 ici :
"Frères et Sœurs,
Vous avez droit à la vérité, c’est-à-dire à une information objective !
Dans le cadre de la situation de Thiberville, le Tribunal Suprême de la Signature Apostolique a rendu son jugement.
Rome confirme les décrets pris par l’Evêque d’Evreux concernant le statut de l’ancien groupement inter paroissial de Thiberville dont l’abbé Francis MICHEL était le curé.
Suite aux rejets des trois recours déposés à Rome par l’abbé Francis MICHEL, je lui réitère mon invitation à quitter Thiberville pour l’exercice de son ministère.
Ensemble nous continuons de prier pour l’abbé Francis MICHEL.
Evreux, le 14 janvier 2011
+ Christian NOURRICHARD
Evêque"
Pour Mgr Nourrichard l'information objective est de dire, sans autre forme de procès, sans publier les motifs des rejets, que les décrets, pris par lui, démantelant la paroisse de Thiberville et destituant son curé, sont confirmés par Rome. L'organisation romaine approuve donc la désorganisation normande. L'oukase bureaucratique tombe juste après : l'abbé Francis Michel est invité, ce qui est une clause de style assez farce, à quitter Thiberville pour exercer ailleurs son ministère. Quant à l'affirmation que ce monseigneur continue à prier pour l'abbé Francis Michel, n'est-elle pas hypocrite compte tenu des circonstances ?
Existe-t-il encore un recours possible à Rome ? Je ne sais, mais je sais qu'il faut continuer de prier pour l'âme de Mgr Nourrichard qui devra bien un jour rendre des comptes, sinon devant un tribunal humain, fût-t-il ecclésiastique, du moins devant Dieu.
En attendant, réfléchissant sur la vertu d'obéissance, je médite cette forte parole de saint Pierre, que rapporte saint Luc dans les Actes des Apôtres (Chapitre V, verset 29) :
"Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes."
Francis Richard
Articles précédents :
Le recours sur le fond de l'abbé Francis Michel accepté par Rome du 24 juillet 2010
Mgr Nourrichard devrait écouter: à Thiberville la vox populi c'est la vox Dei du 7 juillet 2010
Mgr Nourrichard veut toujours disloquer la paroisse de l'abbé Michel du 15 avril 2010
Affaire abbé Francis Michel: le script du 3 janvier à Thiberville du 3 février 2010
L'abbé Francis Michel, curé de Thiberville, et qui entend le rester du 18 janvier 2010