Catherine Lalonde
Jeudi et hier, auteurs, professeurs, chercheurs et spécialistes du livre se sont réunis au deuxième Sommet sur la lecture TD. Des experts ont proposé des idées et des actions pour faire lire les garçons.
Orthopédagogue et docteur en psychopédagogie, Jean-Yves Lévesque est aussi chercheur à l'Université du Québec à Rimouski. Il a signé, conjointement, La lecture et l'écriture: pour que les garçons s'y intéressent. En entrevue téléphonique avec Le Devoir, M. Lévesque souligne qu'avant de parler de lecture chez les garçons, il faut évacuer les préjugés. «Au cours des 10 dernières années au Québec, on a eu tendance à ranger les filles et leurs compétences linguistiques d'un côté, les garçons et leurs facilités visuo-spatiales et physiques d'un autre. Ça nuit à l'idée que les garçons ont autant de possibilités de s'ouvrir à la littératie.»
Plusieurs milieux doivent être mobilisés pour encourager la lecture chez les garçons. L'école, bien sûr, mais aussi la famille, la communauté, et même l'équipe de hockey ou de football. «S'il n'y a pas de continuité entre ce qui se passe à l'école et dans les familles, les impacts sont moindres.»
Quatre préoccupations, parfois évidentes, aident à préparer le terrain de la lecture chez les garçons. «Il faut considérer leurs intérêts dans leurs choix de lecture.» Qu'on parle de sport, d'animaux ou d'aventures importe peu. Qu'on en parle en revue, en bande dessinée ou en livre non plus. «Il ne faut se fermer à aucun genre littéraire, alors qu'on a tendance à croire que certains, comme les revues, n'ont pas leur place en classe», poursuit M. Lévesque. Ensuite, les garçons doivent être exposés à des lecteurs masculins comme féminins. Leurs lectures doivent générer des échanges et ouvrir leurs champs d'intérêt. «Je citerai en exemple un étudiant qui a invité un entraîneur de hockey, un ex-joueur étoile, à former de petits groupes de lecture dans son équipe. Tous les lundis, les joueurs et l'entraîneur discutent après la pratique de ce qu'ils ont lu.»
Six dispositifs sont proposés, mis un à la fois en action jusqu'à être concomitants. Certains sont tout simples, comme installer en classe un coin lecture. «Plus de la moitié des écoles qu'on a visitées n'en avaient pas. Au secondaire, l'étudiant qui entre dans un laboratoire de chimie sait tout de suite où il est. Dans une classe de français, on ne sait pas trop ce qui se passe…» La lecture à haute voix est aussi un outil essentiel. «Plus les élèves grandissent, moins il y en a, souvent plus du tout au secondaire, alors que ça fait la promotion du livre, ça expose un modèle de lecteur, ça propose de nouvelles lectures. Ensuite, on peut générer des échanges entre les élèves, même s'ils débordent du livre. Les garçons aiment relier l'univers du livre à leur vie, à leur univers.»
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