Élevé dans un quartier misérable où dans son entourage immédiat se trouve un cimetière pour criminels, un orphelinat pour enfants abandonnés et un asile où les fous sortent pour gôuter au soleil.
Cet environnement marquera le jeune Dostoïevski pour toujours.
Le père de Fyodor décède en 1839. Dostoïevski est orphelin pour sa majorité.
À l'école militaire, il méprise la carriérisme de ses pairs. Il est un élève taciturne et mélancholique qui ne s'intègre pas bien aux autres. Il se réfugie dans la lecture de Victor Hugo, Shakespeare, Goethe et Friedrich Von Schiller.
En 1844, il démissionne de l'académie militaire et publie Les Pauvres Gens inspiré largement par sa propre éducation. Publié en 1846, il est remarqué par le poète Nikolaï Nekrassov et l'infulent critique littéraire Vissarion Belinsky qui en font l'éloge et la publicité. Le succès est retentissant et on parle de lui comme d'un "nouveau Gogol".
Dostoïevski parade dans les cercles mondains et s'y emmerde trouvant les gens hypocrites et largement superficiels. On le qualifie dans ses cercles comme le "chevalier à la triste mine". Il est parfaitement déchu lorsque ses deux romans suivants, Le Double et La Logeuse, publiés les deux années suivantes, sont de parfaits bides commerciaux et critique.
En 1847, il se joint au cercle Petrachevski, un mouvement politique parrallèle qui a à sa tête le ministre des affaires étrangères dont les idées sont à l'encontre de son tsar Nicolas 1er.
Il y rencontre en prison "l'âme du peuple Russe". D'importants passage de Crimes & Châtiments auront aussi trouvé leurs racines dans ce passage au bagne.
Libéré en 1854, il écrit Souvenirs de la Maison des Morts, récit romancé de son expérience en tôle qui sera publié en 1862. Question de changer de ton, résolument sombre depuis ses débuts, il écrit aussi une comédie, Le Bourg de Stépamtchikovo et sa Population. Il se sera marié entretemps en 1857.
Il est un homme libre mais reste sous constante surveillance policière. Il fonde un journal avec son frère mais ce journal est aussitôt baîllonné par la censure et est un échec.
Il mutliplie ses visites dans les casinos mais empire l'ensemble de ses dettes. Il écrit Le Joueur tiré de ses expériences de jeu compulsif qui leur fait un petit fond temporaire. Il tente de marier sa maitresse sans succès. Il mariera une jeune sténographe qui tapera à la machine ses romans.
Ce chef d'oeuvre existentialiste, de 1866 teinté de desespoir, deviendra un incontournable de la littérature mondiale.
Il publie trois ans plus tard L'Idiot. Un autre grand livre aux intrigues multiples et au ton anxieux. Le livre raconte l'histoire d'un prince trop honnête dans les cercles mondains au point de se faire quantité d'ennemis et se faire passer pour simple d'esprit.
Les Possédés (mon préféré) est publié en 1872. L'idée de l'histoire de ce groupuscule révolutionnaire underground est inspirée à Dostoïevski par le meurtre d'un membre de l'organisation politique "la justice du peuple" par son chef Sergei Netchaïev.
Il aura le temps de faire un discours enfflammé sur le rôle de la Russie dans le monde qui fera de lui un héros national en 1880 avant de succomber à une hémoragie un an plus tard.
30 000 personnes assistent aux funérailles du grand écrivain ayant grandi dans la misère.
Les nouvelles de Fyodor Dostoïevski sont de bouillantes marmites sociales, des canaux vers le cynisme et la débauche qui nous happe et nous entraîne dans les rues sales de St-Petersbourg tout en croisant l'élite ou ceux qui se prétendent l'élite de la Russie. Ses histoires sont purement composées d'outils de l'âme Russe. Contre notre gré, à la lecture de ses écrits, nous attrapons le vertige, nous sommes aveuglés, étouffés et du même coup excités par un style qui n'a rien à envier à Shakespeare.
Merci la vie pour Fyodor Dostoïevski.