La crise financière internationale a révélé les conséquences néfastes que peut avoir l'attrait irraisonné pour l'argent. Des études récentes sur le cerveau révèlent que nous sommes naturellement vulnérables à l’appât du gain.
Au plus fort de la crise financière, alors que les cours des actions étaient en train de s'effondrer, les acteurs boursiers que l'on peut qualifier d'intellectuellement au-dessus de la moyenne et à peu près sains d'esprit, ont continué à spéculer à Francfort, New York ou Tokyo.
Comment expliquer qu'on puisse, en dépit des variations imprévisibles d'une situation instable, continuer à prendre des risques insensés ?
La perspective d'un gain activerait un « circuit cérébral de l'anticipation », à tel point que nous serions plus excités à la perspective d'un gain qu'à l'obtention de celui-ci (Brian KNUTSON Professeur de Psychologie et de neuroscience à l'Université de Stanford).
Or la région du cerveau impliquée dans ce phénomène fait partie du circuit dit de la récompense responsable du plaisir gustatif, sexuel ou des drogues.
En outre, le cerveau réagit plus fortement aux gains attendus qu'aux pertes redoutées.
Pourtant, toutes les études scientifiques récentes (Aron AHUVIA, de l'Université du Michigan), montrent que dés que l'on peut satisfaire ses besoins fondamentaux de nourriture et de logement, la capacité de l'argent à procurer du bonheur supplémentaire s'évanouit – mais pas le désir d'en gagner.
Du point de vue de la satisfaction de vie, gagner 4000 euros par mois ou 40000 est donc, scientifiquement, sans importance. Les justifications des bonus et stocks options sont scientifiquement infondées. Cette révélation sera-t-elle un jour reconnue par les directeurs de banques et les spéculateurs ?
Et de l'eau aux moulins aux partisans de l'idée du plafonnement des salaires...
J. LURIE