A la fois affable, sensible et détentrice d’une dose suffisante de légèreté et de délicatesse d’esprit pour être attachante, la musique du Brestois Arch Woodman est à l’image de l’homme qui la compose. La preuve sur Migthy Scotland, son second album sorti en novembre dernier, au travers des réponses de l’interview qui suivent et sur la scène de Mains d’Oeuvres le 30 janvier prochain dans le cadre du festival Mo’Fo’11.
Quel fut ton parcours avant de te lancer dans l’aventure musicale ?
Mon parcours est assez classique finalement ! J’ai commencé par la batterie en primaire, quand j’avais 8 ans, j’ai joué dans quelques groupes au collège et au lycée avant de monter Silence Radio (groupe dont le nom est assez difficile à assumer aujourd’hui !) avec le bassiste actuel d’Arch Woodmann. Ce groupe très influencé par la noise et la pop a eu son petit essort à Brest avant de se crasher en 2007, au moment où j’ai débuté ce projet d’Arch Woodmann. Donc finalement, à part le CE1, il n’y a pas eu grand chose avant le début de l’aventure musicale, la musique a toujours fait partie de mon quotidien depuis ce temps-là…
Mighty Scotland est ton second effort. Qu’est-ce qui à changé dans ta musique depuis la parution de Draped Horse Blue, ton premier album sorti en 2008 ?
Draped Horse Blue Licorne Argentée Feather Blue est mon premier album, avant j’avais sorti un EP, Knife Paper, qui a été le début de ma collaboration avec Romain Drogoul, ingé son et clarinettiste ; ç’a surtout été une première carte de visite et le moyen de trouver quelques concerts sur Brest et alentours.
Mighty Scotland est plus une oeuvre collective que Draped Horse Blue… et un album beaucoup moins acoustique et confiné. Les climats me semblent plus sombres aussi même si les thèmes ne le sont pas particulièrement. Je trouve aussi que les chansons sont plus abstraites et je n’arrive pas à dire si elles sont trop vastes ou trop étroites par rapport à ce que j’ai voulu en faire au moment de les maquetter. Tout est en tout cas beaucoup plus électrique et probablement moins naïf.
Est-ce que le succès citrique qui a suivi t’a permis de trouver un label ? Et au-delà de ça, comment s’est passée la rencontre avec Monopsone ?
La rencontre avec Monopsone s’est faite… par mail dans un premier temps. Le point de départ a été une chronique de Denis du label sur le webzine Autres Directions. Le succès critique nous a peut-être permis d’avoir une position plus confortable pour aller voir les labels et discuter. Après c’est surtout dans l’échange et le dialogue et sur la foi des enregistrements qui étaient encore en chantier que le travail avec Monopsone s’est enclenché. Je ne suis pas sûr que le succès critique ait eu une influence sur leur décision même si cela peut rassurer dans certains cas.
D’ailleurs, pourquoi un tel titre et une telle pochette qui te représente littéralement mort ?
Mighty Scotland est un titre qui pour moi évoque quelque chose de vaste et d’assez vague, une image de carte postale qui ne dit pas grand chose sur la réalité des choses. Le titre ne se rapporte en rien à des thèmes abordés dans l’album ; il me fallait un contenant suffisamment grand pour mettre tout ce que je voulais dedans. Si j’avais voulu mettre de la cornemuse par exemple, ça n’aurait pas été un problème… La photo figurant sur la pochette, prise par Jean-Marie Heindinger, n’est pas née d’une idée précise avec des intentions précises. Je pense que l’idée m’a traversé l’esprit, avec l’hésitation de me mettre en scène en même temps, et que Jean-Marie m’a aidé à la concrétiser en en discutant avec lui. Je suis quelqu’un d’assez agité et parfois… très gueuleur ; c’était une manière de montrer une forme de repos, ambiguë puisqu’on ne sait pas exactement si je suis mort… Est-ce que je suis vraiment tombé de ce vélo d’ailleurs ? Ensuite nous avons retourné la photo, ce qui donne une autre dynamique à l’image et permet d’en avoir une autre lecture… Mais, si ça peut paraître réfléchi, c’est surtout une suite de coïncidences et d’essais.
La question facile de toute interview mais à laquelle tu es obligé de répondre : quelles sont tes principales influences et ont-elles évolué en même temps que ta musique ?
Mes influences sont globalement les mêmes qu’il y a quelques années : Fugazi, Do Make Say Think, Efterklang, etc. Mais forcément, je suis obligé de renouveler mes écoutes pour apporter autre chose à la musique d’Arch Woodmann. Ce renouvellement se fait aussi par le travail avec d’autres groupes (Every Man Has Your Voice, Botibol) qui me permet d’avoir occasionnellement une approche différente des choses.
Qu’est-ce qui t’inspire le plus ? Quels sont tes principaux sujets d’écriture ?
L’enfance, l’adolescence, le sexe, la famille, l’alcool, les Monts d’Arrée, mes amours/amis - présents/disparus, l’interactionnisme symbolique et la nourriture mexicaine.
Penses-tu au potentiel scénique de tes chansons avant de les composer ?
Pas vraiment non ! La question se pose ensuite et ce processus nous permet de repenser les chansons par la même occasion… et de ne pas s’ennuyer, surtout, à rejouer l’album tel quel sur scène ; de toute manière ça ne serait pas possible.
Quel est justement ton rapport à la scène ? Un plaisir, une angoisse…?
Je vis pour ça ! C’est là que je me sens le plus moi-même et le plus sûr de moi.