Une histoire de communication

Par Isleene

Parfois il m'arrive de participer à des "trucs" qui sur papier avait l'air génial et finalement d'avoir l'impression de retourner en CP.
Parfois aussi parce que vous êtes une femme, jeune et engagée en plus d'être compétente on vous prend pour la cousine d'ET.
Tout ça parce que femme, compétente et jeune dans la même phrase ça fait frémir la quantité impressionnante de machos bedonnants trustant les postes à responsabilités dans le domaine associatif. Parce que tu comprends toi, femme, jeune et compétente tu n'es pas crédible.
Non tu n'es pas crédible face aux autorités politiques locales, régionales ou nationales, tu n'es pas crédible face aux sponsors même s'il s'agit du boucher du coin, tu n'es pas crédible face à l'employé de l'association même si techniquement, tu es son supérieur hiérarchique.
Juste pour que tu visualises la situation:
En France dans le domaine associatif, 60% des dirigeants sont des hommes le plus souvent entre 30 et 59 ans. Et dans le domaine sportif, 87% des présidents d'associations sont des hommes.
Une fois que l'on a le portrait type du dirigeant en tête, passons à la suite.
En mars dernier on m'a gentilment demandé de participer à une formation sur le leadership féminin. Le tout visant à développer mon sens de la communication.
Et c'est là que le bât blesse. Mon sens de la communication et surtout de la diplomatie est proche du Zéro Absolu. J'ai bien essayé un jour de voir le sens du mot dans un dctionnaire, mais malgré mes efforts soutenus, je n'ai jamais brillé dans ce domaine. A la limite je pourrais toujours être engagée comme conseiller communication de MAM c'es.
Donc motivée je me lance dans l'aventure et là c'est le drame.
Saches que ce grand projet n'était qu'un cours de prise de parole. Tu te sens un peu flouée quand la soi-disant "pro" t'explique que s'il existe des inégalités hommes/femmes c'est quand même la faute aux femmes qui certes s'autocensurent mais surtout préfèrent quand même faire des gateaux pour leurs enfants chéris pendant que l'homme est en réunion le soir plutôt que de se retrouver dans la situation inverse. Parce que les femmes qui s'engagent trop c'est quand même qu'elles ont un grave problème à régler avec elle-même.
Ensuite on t'explique à grand renfort de graphiques que toi, bénévole, tu as quand même un certain devoir envers ton orga même si le contraire n'est pas nécessairement réciproque.
Et pour finir tu entames de petits jeux de rôles destinés à faire emerger ta personnalité soumise et à la combattre.
Ok et une fois sortie de là, que tu as ingéré toute cette propagande anti-émancipatrice tu te dis que quand même que tu vas un peu pourrir ton président au prochain conseil.
Le pire c'est qu'une fois sortie, tu te sens encore moins crédible.
Au final il est clair que la France sportive a un vrai problème avec ses bénévoles et en particulier avec les femmes. Et ce n'est ni en séparant le ministère des sports et celui de la vie associative, ni en mettant l'accent sur les performances sportives que ça changera.