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Tête de gondole
Le classement, c'est le problème dans un blog, comme dans une bibliothèque d'ailleurs et je ne vous parle même pas d'une mémoire humaine. Selon quel critère classer tel ou tel ovni visuel, telle ou telle production artistique ? Pourquoi vouloir la classer ? Pour pouvoir la retrouver, me direz-vous, ou, comme disent les pédagos, pour la mettre en réseau. Pardi. Les choses fonctionnent mieux quand elle sont en réseau : les tueurs en série (télévisée) ont bien compris ça. Déviation qui s'ensuit : à force de classer les choses, on finit par classer les humains. On se surclasse en faisant cela. Classique !
Mais, à rebours, ne classant rien que par l'empilement du temps, c'est le bordel et les aiguilles se transforment en bottes foin. Allez donc retrouver un brin de paille dans une montagne d'aiguilles. Remarquez bien qu'un simple aimant y suffirait.
Classer, c'est donc archiver. Donc oublier. Donc ne plus vouloir chercher car, quand on cherche, on fouille. Quand on trouve trop facilement on en oublie la puissance du désir.
Donc, cette vidéo, je ne la classe pas. Elle va s'archiver d'elle-même, comme tout, sous la lagune saumâtre d'une ville qui s'immole en silence dans le puits acqueux du temps. On dira que c'est Mort à Venise ce petit clin d'œil sautillant. On dira aussi que c'est la joie insubtile de l'instant, tout frais, du moment inouï où vous découvrirez ces images pour aussitôt les oublier dans votre montagne d'archives personnelles. Vous vous moquiez de mois. Tout compte faits, on est pareils. Pareils. Notre mémoire classe tout à notre insu suivant l'humeur. Si elle est Lacanienne à l'instant, elle sera jeu de mots. freudienne, scénario, youngienne collective, foucaldienne, bordéliquement structurelle...
C'est une méta mémoire qu'il nouis faudrait. Mais non, ce n'est pas la peine. On serait trop malheureux de tout maîtriser.