La pizzica

La pizzica ou plutôt la pizzica pizzica est une danse et un genre musical au rythme frénétique qui à une époque fut intimement lié au phénomène du tarantisme. L’on croyait que certaines personnes, en général des femmes, manifestant des troubles récurrents (bien différents de l’épilepsie), avaient été mordues par une sorte de tarentule, araignée mystérieuse. Ces femmes pouvaient être guéries, du moins temporairement, en entendant ce rythme frénétique, cette pizzica, qui les faisait entrer en transe, danser jusqu’à l’épuisement et commettre des gestes agressifs à l’encontre de personnes vêtues d’une certaine couleur (la couleur de la tarentule qui les avaient piquées). Comme pour bien d’autres traditions magico-superstitieuses il y eut une tentative de christianisation de ce rite et Saint Paul devint le protecteur des "tarentulés", capable de guérir avec sa grâce les femmes atteintes. L’attribution de cette faculté à Saint Paul n’est pas un phénomène limité au Salentin (la province de Lecce, ou partie la plus au sud de la région des Pouilles) et émane d’une légende selon laquelle le Saint aurait survécu à une morsure de serpent vénéneux sur l’île de Malte. La tentative de ramener le tarantisme au sein du christianisme ne fut toutefois pas un succès total. Le comportement des femmes tarentulées pendant les moments de crise et  de transe induite par la musique était souvent obscène (mimant l’orgasme, urinant sur l’autel) et incompatible avec la morale chrétienne. L’église de Galatina où se déroulait le rite fut déconsacrée et Saint Paul dans les textes des "pizziche" (pizzica au pluriel) devint le patron de la sexualité plutôt que celui des araignées et des serpents vénéneux. Dans la Grecia Salentine (la zone du salentin ayant fait partie dans l’Antiquité de la "Magna Grecia")  le phénomène du  tarantisme et la danse appelée "pizzica pizzica" étaient fortement enracinés, et le sont encore d’une manière différente.  Après une période de rejet de la pizzica, perçue comme étant une coutume honteuse et pour cela reléguée aux couches les plus isolées de la société, ce genre musical connut un nouvel essor au cours des années 70 et est aujourd’hui l’une des danses les plus appréciées et dansées par les jeunes, un symbole du Salentin. Elle constitue également un lien culturel avec d’autres zones de l’Italie du sud connaissant des phénomènes musicaux similaires (tarentelles garganaises, napolitaines, calabraises…) La pizzica pizzica aujourd'hui est dansée lors des fêtes patronales des villes et villages du Salentin, qui se déroulent dans la période de juin à septembre. Les instruments typiques pour jouer de cette musique sont le tambourin, le violon, l'accordéon, l'harmonica, la flûte, la guitare, la mandoline, etc. etc.