Louis Gallois, président exécutif d’EADS, estime que les prix sont revenus ŕ un bon niveau. Quels prix ? Ceux des Airbus ! Une remarque qui demande ŕ ętre décodée...
En période de basse conjoncture, les compagnies qui conservent les moyens de passer commande d’avions nouveaux s’efforcent d’exercer la pression maximale sur leur fournisseur, Airbus ou Boeing. Ce qui tombe sous le sens : quand les clients se font rares, les vendeurs sont pręts ŕ toutes les concessions pour maintenir leur carnet de commandes au-dessus de la ligne de flottaison.
La maničre dont se négocient les contrats, grands et petits, relčvent du secret Défense. Un prix catalogue est affiché et sert de base de discussion, sachant que d’infinies variantes sont prises en considération, liées, notamment, au nombre d’avions envisagés, au type de moteur, etc. On n’achčte pas deux appareils dans les męmes conditions qu’une commande de plusieurs dizaines dont la livraison s’étalera sur 5 ou 7 ans.
L’industriel, pour sa part, prend en considération des critčres multiples sur lesquels il serait vain de l’interroger. A commencer par la crédibilité de son interlocuteur et, bien sűr, ses assises financičres. S’y ajoutent de nombreuses inconnues, ŕ commencer par les conséquences de turbulences conjoncturelles susceptibles d’entraîner l’annulation d’achats signés ŕ un moment oů tout allait bien.
L’art de se prémunir contre des retournements de conjoncture repose en grande partie sur l’expérience. Il conduit notamment les avionneurs ...ŕ vendre deux fois les męmes avions (avec modération !) en partant du principe que certains acheteurs seront inévitablement défaillants. D’oů la notion de commandes Ťnettesť, le carnet de commandes étant nettoyé d’engagements évaporés pour l’une ou l’autre raison.
Reste l’essentiel : on imagine difficilement qu’un avion soit vendu au prix Ťcatalogueť. Il y a toujours négociation, laquelle peut tourner ŕ la discussion de marchands de tapis, bien entendu dans la plus grande discrétion.
Ces remarques viennent ŕ l’esprit au moment oů Airbus annonce une augmentation moyenne de 4,4% du prix catalogue de ses avions. L’A380, lui, augmente de 8,4% et passe ŕ 375 millions de dollars. Des billets verts et non pas des euros puisque telle est la norme, la référence venant historiquement de Seattle.
Les compagnies s’intéressent avant tout au prix au sičge. En effet, elles produisent des sičges/kilomčtres et non pas des heures de vol. A titre indicatif, en prenant l’exemple de l’A320, l’ordre de grandeur est de 570.000 dollars, sachant que le prix catalogue de l’avion est de 85 millions de dollars. Autres repčres,l’A330-200 est proposé ŕ 200 millions, l’A350-800 XWB ŕ 236,6 millions. Avant négociation, bien sűr.
Pierre Sparaco - AeroMorning