La fourmi allemande n’est pas prêteuse

Publié le 21 janvier 2011 par Cahier

Une majorité de la population allemande, interrogée dans le cadre d’un sondage croisé de l’Ifop entre l’Allemagne et la France, désapprouve l’aide financière de son pays à la Grèce, contre 47% qui l’approuvent, alors que l’aide de la France est acceptée par 69% des Français interrogés.

On observe  en Allemagne des clivages très marqués au sein de la population, qui illustrent pour certains le poids de l’histoire dans les jugements politiques d’outre-Rhin. Ainsi, passé le clivage très marqué entre le soutien majoritaire des hommes (58%) et l’opposition dominante des femmes (64%) – clivage que l’on retrouve dans l’échantillon français –, la répartition des réponses par catégories d’âge fait ressortir une position très singulière des plus de 65 ans, dont 68% approuvent l’aide allemande, alors que toutes les autres catégories d’âge la réprouvent de manière marquée (59% des moins de 35 ans, 65% des 35-49 ans, 55% des 50-64 ans). Cet altruisme des personnes nées avant la fin de la seconde guerre mondiale, et qui ont connu la période difficile de l’après-guerre outre-rhin puis les espoirs apportés par le traité de Rome, met en exergue l’héritage fort de la construction européenne.

L’origine géographique des personnes interrogées livre également un enseignement particulièrement intéressant : les habitants de l’Ouest de l’Allemagne (ex-RFA) se montrent en effet plus partagés sur l’aide allemande (50% d’opinions favorables) que ceux originaires de l’ancienne RDA qui y sont farouchement opposés (67%). Alors que ne cessent de ressurgir en ex-Allemagne de l’Est les fantômes et la nostalgie de l’époque communiste dans une région économiquement dévastée et qui se sent laissée pour compte par le pouvoir berlinois, l’opposition à l’ouverture et au soutien des compagnons de route européens sont l’expression d’un désenchantement marqué de la population.