Une majorité de la population allemande, interrogée dans le cadre d’un sondage croisé de l’Ifop entre l’Allemagne et la France, désapprouve l’aide financière de son pays à la Grèce, contre 47% qui l’approuvent, alors que l’aide de la France est acceptée par 69% des Français interrogés.
On observe en Allemagne des clivages très marqués au sein de la population, qui illustrent pour certains le poids de l’histoire dans les jugements politiques d’outre-Rhin. Ainsi, passé le clivage très marqué entre le soutien majoritaire des hommes (58%) et l’opposition dominante des femmes (64%) – clivage que l’on retrouve dans l’échantillon français –, la répartition des réponses par catégories d’âge fait ressortir une position très singulière des plus de 65 ans, dont 68% approuvent l’aide allemande, alors que toutes les autres catégories d’âge la réprouvent de manière marquée (59% des moins de 35 ans, 65% des 35-49 ans, 55% des 50-64 ans). Cet altruisme des personnes nées avant la fin de la seconde guerre mondiale, et qui ont connu la période difficile de l’après-guerre outre-rhin puis les espoirs apportés par le traité de Rome, met en exergue l’héritage fort de la construction européenne.
L’origine géographique des personnes interrogées livre également un enseignement particulièrement intéressant : les habitants de l’Ouest de l’Allemagne (ex-RFA) se montrent en effet plus partagés sur l’aide allemande (50% d’opinions favorables) que ceux originaires de l’ancienne RDA qui y sont farouchement opposés (67%). Alors que ne cessent de ressurgir en ex-Allemagne de l’Est les fantômes et la nostalgie de l’époque communiste dans une région économiquement dévastée et qui se sent laissée pour compte par le pouvoir berlinois, l’opposition à l’ouverture et au soutien des compagnons de route européens sont l’expression d’un désenchantement marqué de la population.