A PROPOS DU TAUX D’ECLOSION
D’une façon générale, l’aviculture a fait d'énormes progrès au cours de ces dernières décennies. Nous pouvons considérer avec satisfaction les pourcentages toujours croissants de ponte; nous pouvons aussi faire valoir la production performante de certains poulets de chair. Mais pouvons nous prétendre que les résultats sont du même ordre en ce qui concerne l'amélioration des pourcentages d'éclosion ?
On peut estimer en se basant sur les performances obtenues, que le taux d'éclosion pour tous les oeufs mis en incubation, est, de l'ordre de 70 à 71 %, s'il est vrai que les résultats des petits élevages sont obligatoirement moins bons que ceux des grands élevages.
Le point intéressant ‑ et en même temps assez désespérant ‑ au sujet de ces chiffres est qu'ils ne semblent pas avoir subi de modifications depuis longtemps.
Il est encore plus choquant de constater que les Egyptiens, avec leurs systèmes d'incubation empiriques, obtiennent des pourcentages d'éclosion de 66 pour cent.
Et leurs archives n'indiquent aucun changement depuis plusieurs siècles ! C'est bien triste de considérer cet état de fait à une époque de progrès dans le domaine de la nutrition et de la sélection.
Un grand nombre de lecteurs, sans aucun doute, pensent en lisant ces lignes, à certains merveilleux résultats obtenus par leurs amis ou par eux‑mêmes. Mais ces chiffres sont‑ils réellement valables, sont‑ils régulièrement obtenus ? Dans bien des occasions, la moyenne pour la saison est encore bien médiocre. Et si nous avons quelques propriétaires de souches donnant des pourcentages élevés d'éclosabilité, pourquoi n'y a t‑il pas d'amélioration sur l'ensemble d’un pays ? En d'autres termes, quel est l'obstacle au progrès ? Sont‑ce nos méthodes de sélection ou d'incubation ou existe-t-il un facteur empêchant la réalisation totale de l'amélioration technique (s'il y en a) dans ces deux premiers domaines ?
Nous essayons, sans aucun doute, d'atteindre certains objectifs, et nos succès dans d'autres domaines provoquent un affaiblissement de l'éclosabilité. Pour cette raison une comparaison stricte entre nos pourcentages et ceux d'autres pays comme l'Egypte n'est pas valable. Ainsi, nous nous préoccupons par exemple de produire un oeuf se conservant mieux pour la consommation et un oeuf beaucoup plus gros. Des oeufs gros, une bonne proportion de blanc épais (qui favorise la conservation de la fraîcheur) et certains types de coquilles, sont contraires aux taux élevés d'éclosion. La grosseur du jaune de l'oeuf varie beaucoup moins que le contenu d'albumen. Et la plupart des gros oeufs doivent leur grosseur à un plus grand poids de blanc. Comme la proportion de blanc par rapport au jaune dépasse la norme, l'éclosabilité s’en trouve réduite.
En même temps qu'augmente la proportion de blanc épais, le taux d'éclosion décline même si l'oeuf – en raison de la consistance de ce blanc – gardera sa fraîcheur plus longtemps pour la vente au détail. Un bon exemple de ce fait a été vu aux USA dans une région de production de poulets de chair. Pour le fournisseur de poussins type "chair", les taux élevés d'éclosion sont d'une importance vitale. La sélection avait fait atteindre le pourcentage d'éclosion de 90 % environ pour la totalité des oeufs. Mais ce résultat avait été atteint au prix d'une telle réduction du pourcentage de blanc épais que, pratiquement, aucun oeuf de consommation produit par ces souches ne reçut le label de qualité pour la consommation. Nous devons donc tenir compte du fait que, si l'industrie avicole doit tendre vers la production de gros oeufs de bonne conservation, avec une solide coquille et une bonne présentation, la tâche du sélectionneur et de l'accouveur devient beaucoup plus compliquée.
Les sélectionneurs savent qu'il est difficile d'améliorer un facteur ; en améliorer deux par la sélection est plus que doublement difficile. Pourtant il n'y a rien d'autre à faire que de tenter la réussite. Nous n'avons, cependant, que peu parlé des incubateurs. A ce sujet, il est souvent intéressant de faire remarquer que les oeufs à couver provenant d'une même souche, et souvent du même troupeau, montrent souvent de grandes différences de résultat d'éclosabilité au cours de la même saison, différences qu'il est rarement possible de mettre sur le compte de l'alimentation. Des différences ont été remarquées avec les oeufs de deux souches; dans un cas les oeufs étaient mis dans un incubateur trop plein, dans un autre les oeufs étaient dans un incubateur insuffisamment rempli. Des oeufs de deux souches différentes mis ensemble sur tiroirs et dans le même incubateur ont aussi montré une certaine différence à l'éclosion, dans les pourcentages d'éclosabilité.
Cela ne montre-t-il pas que nous sommes en train d'obliger les oeufs à bien éclore dans toutes les conditions d'incubation, alors que nous devrions peut‑être mieux concevoir un incubateur pour satisfaire les différents besoins de l'œuf à couver. La plus grande fréquence de la mortalité embryonnaire a lieu au 14ème jour d'incubation, et du 17ème au 19ème jour. On dit que la mortalité en début d'incubation est due aux stress provoqués par un développement trop rapide de l'embryon, et que la mortalité plus tardive est due au stress résultant du changement entre la respiration allantoïde et la respiration pulmonaire.
Le professeur Romijn, d'Utrecht, considère que la cause directe de la mortalité précoce est due à un manque d'oxygène; et que la mortalité plus tardive est la cause d'un manque d'oxygène et d'une intoxication par le gaz carbonique. Il fait aussi remarquer que les oeufs présentent quelques différences en ce qui concerne le type et le contenu en enzymes du jaune, qui influencent l'absorbtion de l'oxygène. En outre, les membranes coquillères, lorsqu'elles sont humides, diffèrent dans leurs aptitudes à permettre le passage des gaz vers l'intérieur (oxygène) et vers l'extérieur (CO2). De ces observations, on peut conclure que les conditions d'incubation affectant l'humidité et l'approvisionnement en oxygène, seront adéquates pour un type d'oeuf et ne conviendront pas pour un autre.