A la veille de l'annonce par le Président de la République des mesures destinées à développer l'éolien off shore, je me permets de vous proposer la lecture de cet article de Libération, et pas uniquement parce que son auteur m'y donne la parole !
Le gouvernement mouline sur l’éolien offshore (Libération - 21.01.2011)
Energie. Alors que la carte des sites en mer n’a pas encore été dévoilée officiellement, les opposants s’organisent et les industriels s’impatientent.
Par CORALIE SCHAUB
Combien y aura-t-il de moulins à vent au large de nos côtes ? Et où seront-ils implantés ? Le suspense de l’éolien en mer touche à sa fin. Hier, les deux ministres en charge du dossier, Nathalie Kosciusko-Morizet, à l’Écologie, et Eric Besson, à l’Industrie, se sont retrouvés à Matignon pour une décision qui avait «normalement vocation à trancher», selon un conseiller de Bercy. Reportée moult fois depuis plus d’un an, l’annonce des modalités de l’appel d’offres sur l’éolien offshore et la carte des «zones propices» retenues devrait avoir lieu mardi ou mercredi. Sans doute, très officiellement, par Nicolas Sarkozy. D’ici là, motus. Rien ne doit filtrer. Surtout pas cette carte, véritable secret d’Etat.
Pêcheurs. Les mouvements antiéoliens ciblent désormais tout autant l’offshore que le terrestre. Les riverains voient rouge, comme à Veulettes-sur-Mer, en Normandie. La bataille fait aussi rage en Vendée, autour d’un projet au large de l’île de Noirmoutier : Sarkozy a assuré à Philippe de Villiers que le projet ne se ferait pas… Mais les pêcheurs comme des élus locaux UMP sont pour. Le projet de Sète, lui, serait «mort».La lutte a aussi lieu entre Bercy et l’hôtel de Roquelaure - siège du ministère de l’Écologie. NKM a assuré hier qu’il était temps pour l’Hexagone de créer les conditions d’une croissance bleue : «Avec le deuxième espace maritime mondial, la France doit prendre dans ce secteur la place de leader qui lui revient.» La ministre s’est vu remettre un rapport sur les nouveaux métiers des énergies marines renouvelables par la sénatrice UMP de Loire-Atlantique, Gisèle Gauthier. Selon ce texte, sans l’offshore, la France n’atteindra pas ses engagements européens, soit 23% d’énergies renouvelables d’ici à 2020. Décliné dans le Grenelle de l’environnement, cela donne 6000 MW d’éolien offshore. Une paille, quand on sait que la Grande-Bretagne, convaincue qu’il s’agit là de diversifier un tissu industriel en difficulté, prévoit 32 GW, soit 32 000 MW. En 2010, 308 éoliennes ont été installées en mer en Europe, soit 51% de plus qu’en 2009.
Rumeurs. L’appel d’offres tant attendu en France ne devrait d’ailleurs pas porter d’un coup sur les 6 000 MW : depuis plusieurs mois, on parle plutôt d’une première tranche de 3 000 MW, pour un investissement de 10 milliards d’euros. Mais des rumeurs récentes évoquent plutôt 2000 MW. Suivez les regards… direction Bercy. François Fillon a peut-être déjà tranché. En attendant, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) rappelle sa position : il faut 3000 MW minimum. «C’est la condition nécessaire et suffisante pour faire éclore une vraie filière en France, autonome et capable d’exporter», avertit son président, André Antolini. «La France a une grande industrie mécanique, aéronautique et automobile, des métiers proches de l’éolien», ajoute Jean-Philippe Roudil, le délégué général du SER, qui cite le chiffre de 60 000 emplois atteignables dans l’éolien.
Les industriels trépignent. Du danois Vestas à l’allemand Siemens en passant par l’américain GE et l’espagnol Gamesa. Parmi les français, Areva, EADS et GDF Suez (via la Compagnie du vent) seront de la partie. Quant à Alstom et EDF énergies nouvelles, ils ont annoncé mercredi avoir signé un accord pour répondre à l’appel d’offres. «Nous sommes prêts, dit Philippe Cochet, d’Alstom Hydro et Wind. Mais nous avons besoin de visibilité.» Reste une évidence, rappelée par Arnaud Gossement, avocat de plusieurs sociétés éoliennes : «Fixer des objectifs ne suffit pas. L’Etat doit donner des détails et simplifier les procédures au lieu d’en rajouter.»