Lydie

Par Anne Onyme

Zidrou
illustrations de Jordi Lafebre
Dargaud
60 pages

Résumé:

" Mon bébé ! Les anges du ciel me l'ont rapporté ! Je le savais bien, moi, que le Bon Dieu ne pouvait pas garder mon petit bébé auprès de lui. La place d'un bébé, c'est contre le coeur de sa maman, pas au paradis "

Mon commentaire:

Lydie est une bande dessinée profondément troublante et émouvante. Le sujet est très dur: la mort d'un bébé à la naissance. Pourtant, malgré un sujet difficile, c'est un album plein d'espoir et un hommage à la maternité, à l'amitié et à la famille.

L'histoire commence à l'impasse du bébé à moustache, un quartier où vivent quelques familles qui sont très proches l'une de l'autre. Ces familles partagent beaucoup de choses et se soutiennent lors des moments pénibles. Chaque habitant a ses qualités, ses défauts. On nous parle un peu de leur vie avant de focusser sur Camille, une jeune femme célibataire vivant chez son père, qui vient d'accoucher d'un bébé mort-né. On ignore qui est le père de son enfant. À l'époque, c'est assez mal perçu et les potins vont bon train. Mais Camille est née à l'impasse et les habitants ont de l'affection pour elle. Ils éprouvent de la compassion pour l'épreuve qu'elle traverse. Un beau jour, Camille se rend en courant au magasin et elle crie à tous que son bébé est revenu.

La suite de ce billet dévoile l'essence même de la bande dessinée. Si vous comptez la lire, je vous suggère de ne pas poursuivre. Camille rentre donc à la maison et montre le berceau vide, sous l'oeil effaré des voisins. Elle croit dur comme fer que le ciel lui a rapporté sa petite Lydie. Elle la berce, la promène en landau et lui achète même des produits pour bébé. Au début, les voisins se moquent d'elle et les garnements du quartier sont méchants. Aux yeux de tous, Camille est devenue complètement folle. Les garnements en profitent pour la harceler et les choses dégénèrent, jusqu'à ce qu'une vieille dame décide, pour apaiser tout le monde, de jouer le jeu. Elle demande si elle peut prendre Lydie dans ses bras et dit à Camille que c'est un bien beau bébé. De fil en aiguille, tout le monde l'imite: les gens prennent un bébé imaginaire dans leurs bras, le photographe du quartier vient tirer son portrait et les enfants demandent à jouer avec elle. Lydie devient un membre à part entière du quartier, alors qu'elle est pourtant décédée. Si certaines personnes se demandent si c'est sain pour Camille de vivre en quelque sorte avec un fantôme, d'autres se disent que Camille irait très mal sans et qu'au moins, elle est heureuse.

Cette bande dessinée est très troublante au début et suscite de nombreuses questions sur l'âme humaine. Le sujet est pourtant terrible, mais les auteurs en ont fait un vrai hommage aux parents, à leurs enfants et à la famille. Je trouve également que c'est une belle image d'entraide entre voisins, un magnifique tableau de compassion et d'humanité. Les dessins sont expressifs et la fin de l'histoire m'a tirée des larmes. Le scénario est délicat et profondément émouvant.

Une bande dessinée pleine d'humanité, à découvrir assurément.