Braids - Native Speaker
Animal Collective continue d’essaimer ses graines fructueuses, jusqu’au Canada. Native Speaker, premier album du groupe Braids, reprend les choses à peu près là où le combo américain les a laissées. Le premier morceau, Lemonade, s’ouvre sur une texture aquatique et des chants d’oiseaux au loin. La voix, elle, n’arrive qu’une minute plus tard, moitié chantée, moitiée parlée, sur une rythmique syncopée.
Une musique électronique donc à forte consonance physique. Un univers ouvert à tous les vents et d’une incroyable liberté, où s’épanouit la voix de la chanteuse Raphaelle Standell-Preston, maniant aussi bien le cri primal, la distorsion avec effets que la douceur d’un murmure. Des chœurs de ses comparses viennent compléter la riche panoplie vocale des sept petits morceaux qui forment le disque.
Etranges paysages sonores
A la fois brute et très sophistiquée, la musique de Braids fonctionne donc par accumulations de couches et de boucles, dessinant d’étonnants paysages se mêlent l’eau, le feu, l’air et la terre. Les morceaux s’étirent pour partie en longueur, laissant une large place à l’intrusion d’étranges sonorités qui donnent un sacré relief à l’ensemble. Le tout pour crier l’amour physique (« And What I, and what I found is that we / We’re all just sleeping around » dans Lemonade) ou paganisme un peu mystique (« We’re all from the same mum » dans Same Mum).
On se laisse ainsi totalement prendre par la débauche d’énergie de Plath Heart, l’univers bucolique de Glass Deers, le doux cocon amoureux de Native Speaker, la puissante obscurité de Lammicken et les fourmillements sans voix de Little Hand en cloture. Un disque plein de vie donc baigné d’une belle lumière et d’un arc en ciel de couleurs. Revigorant.
KidB