Gros accrochage au parlement européen entre Joe Higgins, le plus honnête des eurodéputés irlandais, et le président de la commission européenne Jose Manuel Duraõ Barroso. Higgins avance un point irréfutable : l’argent du sauvetage va aller aux banquiers et aux investisseurs européens, alors que le remboursement va venir des Irlandais ordinaires.
Barroso répond avec une colère théâtrale. L’UE, affirme-t-il vient au secours de de l’Irlande qui s’est mise en danger par ses propres stupides erreurs en politique fiscale.
Pardon ? Pardon ? L’Irlande avait un des surplus budgétaires les plus impressionants de toute l’UE. Elle avait fait les bons choix, y compris des baisses d’impôts pour favoriser l’entreprenariat et la croissance, de façon à ce qu’une imposition plus basse se traduise par des rentrées plus élevées. Quand le krach est arrivé, l’Irlande a resserré sa politique fiscale plus que tout autre pays européen. Tout le monde, de la tête de l’État aux bénéficiaires de l’assistance, a dû faire des sacrifices.
Non, ce n’est pas la politique fiscale qui a mis l’Irlande dans ce pétrin. C’est d’être membre de l’euro lui a imposé une politique procyclique désastreuse pendant les années de boom, lui donnant des taux d’intérêts réels de -1% de 1998 à 2007. C’est précisément à cause de l’euro, c’est à dire, parce que l’Irlande ne pouvait pas bénéficier de la dévaluation dictée par la théorie économique dans de telles circonstance, que le gouvernment n’a eu que la seule politique fiscale dans sa boîte à outil. Et c’est bien pour ça que chaque électeur irlandais devrait être terrorisé à l’idée que l’UE, selon les termes du sauvetage prévu, va prendre le contrôle de la politique fiscale de l’Irlande en plus de sa politique monétaire. L’Irlande est réduite à l’état de vassal. Ses contribuables vont subir la dîme pendant une génération entière, pour payer leur tribut aux banquiers et aux eurocrates.
À voir ainsi Barroso, une phrase de Ken Tynan m’est venue à l’esprit : « Il s’en est allé, risiblement ému. » Enfin, je suppose que le président suit simplement la norme du narratif eurocrate : les problèmes viennent des États nations, les solutions, de Bruxelles. Nous avons là à faire à un homme, après tout, qui a récemment affirmé que les gouvernements nationaux tendent à faire les mauvais choix justement parce qu’ils sont démocratiques.
Repris du blog de Daniel Hannan hébergé par le Telegraph, avec son aimable autorisation.