vendredi 21.01.2011, 05:06 - La Voix du Nord
Calaisienne de naissance, Martine Laval est journaliste à Télérama depuis près de trente ans. Elle est à l'initiative d'Entre les Lignes, la manifestation littéraire organisée ce week-end au Channel.
PROPOS RECUEILLISPAR BRUNO MALLET
Pouvez-vous nous retracer votre parcours ?
« J'ai quitté Calais à l'âge de dix-huit ans. Je voulais faire ma vie, et j'avais le sentiment que cela devait se faire ailleurs. Alors je suis partie à Paris, où j'ai d'abord exercé de nombreux petits boulots. J'ai participé à l'aventure du théâtre de l'Aquarium, à la Cartoucherie de Vincennes, à la fin des années 70. Puis j'ai suivi des cours du soir, pour être journaliste. En août 1982, j'ai eu un stage de trois semaines à Télérama. Je ne connaissais rien, je ne savais rien faire. Et au bout des trois semaines, le rédacteur en chef me dit : bon, on vous garde. J'ai presque un peu de scrupules à raconter cela. Aujourd'hui, les choses sont tellement plus compliquées… » Quel regard portez-vous sur Calais aujourd'hui ?
« J'ai quitté la ville en 1973, mais presque toute ma famille est ici, et je viens aussi souvent que possible.
C'est ma ville, c'est chez moi. J'ai un grand attachement pour elle. C'est une ville que je trouve moche, et qui recèle plein de beautés ».
Vous avez publié un reportage, il y a quelques années, qui a eu un certain retentissement…
« Oh oui, je m'en souviens. J'avais écrit un reportage au moment de la fermeture de Sangatte. J'avais donné mon regard, j'avais dit la misère et le chômage. Et on m'en a beaucoup voulu, notamment le cabinet du maire de l'époque. Je n'ai jamais reçu autant de lettres anonymes, insultantes !
D'autres, signées, n'étaient pas plus tendres, mais au moins ai-je pu engager des correspondances passionnantes. Et les gens changeaient d'opinion quand ils apprenaient que j'étais Calaisienne ! »
Comment en êtes-vous arrivée à prendre en charge la rubrique livres de Télérama ?
« Lors de mes premières années dans ce magazine, j'étais secrétaire de rédaction, c'est-à-dire que je corrigeais et traitais les articles des autres. Mon rédacteur en chef, qui était autodidacte comme moi, savait que je lisais énormément. Il m'a demandé un jour d'écrire un article, me recommandant de peser chaque mot, de me remettre en cause à chaque mot ».
D'où vient l'idée de cette manifestation littéraire ?
« Elle vient de loin, de l'époque de ce reportage dont je parlais tout à l'heure. J'avais rencontré Francis Peduzzi à cette occasion. Il me racontait ses projets d'agrandissement, de librairie. C'était en 2002 et je me souviens lui avoir dit : « Quand tu auras ta librairie, je viendrai organiser un événement ! » Lorsque la librairie a ouvert, je suis venue pour l'inauguration, j'avais fait venir Atiq Rahimi, qui venait d'avoir le Goncourt ».
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