AVIS DE DISPARITION
LES NUITS BLEUES
NE RÉSONNERONT PLUS A ARC ET SENANS
Cela faisait quelque années déjà que Lionnel Viard, directeur artistique d'Élektrophonie et organisateur de La Nuit Bleue tirait la sonnette d'alarme. D'année en année, au fil de l'effritement des aides publiques, on voyait la pérennité de cette
manifestation de plus en plus menacée. Et cette fois-ci, le couperet est tombé, il n'y aura pas d'édition 2011, plus de Nuits Bleues à l'avenir.
La Région Franche-Comté semble être vouée à faire éclore de beaux projets sonores, tous abandonnés par la suite.
Ainsi, Musiques de
Rues à Besançon qui mêlait fanfares et installations sonores en espaces publics, puis Sonorama dans la même cité, qui n'aura vécu
qu'une seule édition, sans parler des rencontres Architectone à
la Saline Royale d'Arc et Senans, où se croisaient créateurs sonores et architectes et enfin la Nuit Bleue dans ce même lieu magique... Tous ces projets sonores aujourd'hui disparus... Et une
Nuit Bleue qui ne fêtera pas son dixième anniversaire.
La parole à Lionel Viard
L'association Elektrophonie proposait en juillet 2010 sa neuvième - et dernière - Nuit Bleue à la Saline royale d'Arc et
Senans. Portée de manière bénévole, cette proposition de Voyage en Utopie sonore cherchait à rendre accessibles au grand public diverses formes et esthétiques de la création musicale
contemporaine. Plusieurs « méthodes » se sont succédées : rapprocher formes dites « savantes » et « populaires », croiser arts sonores, arts visuels et
architecture, ou encore favoriser la magie de l’écoute nocturne.
Née dans la volonté de partager des découvertes musicales et sonores avec un public toujours plus curieux, la Nuit Bleue
s’arrête en 2010 par manque de soutiens publics (après quelques années de fortes diminutions de subventions). Mais cette situation, désormais classique dans le contexte que nous connaissons tous,
n’interroge-t-elle pas ce même contexte ? Déjà chercheurs et militants, les acteurs de la création musicale doivent-ils maintenant « entrer en résistance » afin de poursuivre leurs
activités ? Et est-ce compatible avec la notion de service public ?
Sources La lettre d'information de Futurs Composés
Voilà qui a le mérite d'être clair, et à la fois qui laisse une impression de déjà entendu.
Je ne pourrais cependant que regretter, et je sais que beaucoup le feront avec moi, ces beaux moments passés dans la Saline
royale, à déambuler dans de multiples parcours sonores et installations au gré des magnifiques jardins, à se laisser envelopper de sons dans une impressionnant berne* de près de 2000m2, où
une programmation très ouverte venait nous titiller l'oreille... A voir le jour se lever, quelque peu vermoulu, mais les yeux et les oreilles pleins d'images, de douces rémanences tout en
sons et en lumières...
Comme dit une chanson, c'est du passé, n'en parlons plus !
Ou plutôt parlons-en encore et encore pour soutenir la pérennité, voire l'éclosion de tels projet.
Futura,
City Sonic, Tuned City , Phonurgia, Kontacts sonores, et autres événements défendant la création sonore,
tenez bon ! Défendons le droit à nos oreilles (et à nos yeux) d'une culture sonore aussi exigeante qu'accessible, qu'elle soit pour tous ou pour chacun, mais qu'au moins elle soit, résiste et
demeure !
* Atelier de cuisson pour faire évaporer la saumure du sel
UTOPIES SONORES 2010
INTERVIEW DE PIERRE-LAURENT CASSIÈRE À LA NUIT BLEUE 2010