Images du journaliste
La cinémathèque nous offre, du 12 au 29 janvier une rétrospective thématique bien intéressante! ‘Images du journaliste au cinéma’, c’en est le titre, nous propose une sélection de films mettant en vedette, naturellement, des journalistes. On les voit amateurs, tel dans ‘Almost Famous’, aux prises avec des forces politiques plus que louches comme dans ‘Goodnight and good luck’ et ‘All the president men’, ou encore, en investigateurs de crimes crapuleux dans ‘Capote’. Ce sont huit films qui furent sélectionnés pour notre plus grand plaisir, grâce à une idée d’André Lavoie, lui même journaliste au Devoir et critique de cinéma.
Le 14 janvier, nous avons assisté à une table ronde sur le sujet, présidé par André Lavoie, en compagnie de Colette Brin, professeure à l’université Laval, Jean-Sébastien Marchand, journaliste indépendant et auteur, Bryan Mles, journaliste au Devoir et François Primeau, enseignant en Communication au CEGEP André-Laurendeau. Ils ont tous confirmé ce dont nous nous doutions déjà : leur métier n’est pas aussi palpitant ni aussi mouvementé que ces films nous le présentent, du moins la plupart du temps. Le personnage et son travail servant surtout de prétexte à l’action, le journaliste devient détective ou luttet contre des forces qui lui sont supérieures en pouvoir et en nombre, à moins qu’il ne s’agisse que du patron rébarbatif. Il fut tout de même intéressant d’apprendre que, pour chacun, le film qui représente le mieux leur métier, et ce pratiquement à l’unanimité, est l’excellent ‘All the president men’. On nous a aussi fait remarquer que certains films réalisés depuis les années 2000, dont “ Good night, good luck “ dépeignent un âge d’or du journalisme, en présentent une vision mythique , situant l’action dans les années 50,60,70. On y décèle une vision hollywoodienne: le voyou sympa, un peu brouillon et fumeur. Est-ce une recherche d’un idéal perdu, d’une nostalgie face à une réalité bien plus banale aujourd’hui et moins palpitante et héroique ? La prise de position que nous attendons du journaliste, plutôt que son objectivité totale est un aspect qui a aussi été soulevé . On voudrait avoir accès aux états intérieurs du journaliste.
À la question le cinéma donne-t-il une vision réaliste ou déformante du journalisme, Brian Myles disait que celui qui fait ce métier est lui-même un miroir déformant de la vie sociale, de par les procédés de mise en forme des faits et d’une grammaire journalistique bien précise. D’ailleurs , son choix quant au film qui se rapproche le plus de la réalité d’aujourd’hui va pour Shattered glass. Choix qui semble être partagé par quelques autres .
Il reste deux présentations à venir dans le cadre de cet événement, soit le film ‘Windigo’, de Robert Morin [Qué., 1994, 97 min, 35 mm, vosta], ce vendredi, 21 janvier à 20 h 30, qui sera présenté par André Lavoie et samedi le 22 janvier à 21 h, ce sera ‘The quiet American’ de Philip Noyce [Austr., 2002, 101 min, 35 mm, voa], présenté par Larry Rochefort.
Jeannette Myles et Johanne Tanguay