Je suis assez friand des « lectures croisées », c’est à dire du fait de lire simultanément plusieurs livres qui se rejoignent sur un point commun quelconque.
Ainsi ces derniers jours, j’ai ainsi navigué dans l’univers de trois livres écrits par trois femmes qui n’ont à priori rien de commun, sinon leur engagement pour leurs convictions personnelles.
J’ai commencé par RESISTANTE, de Souha BECHARA, en collaboration avec Gilles PARIS, paru en 2000 chez les éditions J.C. Lattès.
Le livre raconte les dix ans de calvaire de cette libanaise, enfant de la guerre civile, adolescente engagée dans la violence et désignée pour tuer Antoine LAHAD, le chef des milices chrétiennes pro-israéliennes. Le mot « calvaire » est peut-être trop faible pour décrire les conditions de détention, sans jugement ni condamnation, dans le camp de KHIAM.
Cet exemple de littérature « carcérale » vaut par sa dénonciation d’une situation que beaucoup ignoraient, par négligence ou par manque d’information.
J’ai entamé en même temps la lecture du livre de Florence AUBENAS publié en 2010 par Les Editions de l’Olivier sous le titre « LE QUAI DE OUISTREHAM ».
L’auteur, journaliste et grand reporter connue et surtout médiatisée après son enlèvement en Bagdad en 2005, a écrit ce livre-reportage après une étrange expérience : trouver du travail dans une ville de province, avec come seul bagage un bac et aucune expérience.
Ce genre de littérature, exigeante, comporte ses propres limites, comme l’ont prouvé ceux qui ont tenté de relever le défi : comme l’américain John Howard Griffin avec « Dans la peau d’un Noir » en 1961 ou le journaliste allemand Günter Wallraff avec « Tête de turc » paru en 1986.
Comparé à ces deux ouvrages, le récit-témoignage de François Aubenas semble bien léger malgré la précarité qu’elle décrit avec un certain talent, malgré les brimades, les conditions de travail dégradantes !
Le livre ne laisse pas une grande impression, parce qu’il est resté un livre de journaliste, comme un long reportage ! Dommage, parce que le sujet est douloureux !
Déçu par le livre de Florence AUBENAS, j’ai ouvert le roman d’une autre journaliste Audrey PULVAR.
La sympathique martiniquaise ex-présentatrice du J.T. qui s’est fait sa place dans le paysage médiatique français avait publié en 2004 chez Mercure de France un roman L’ENFANT-BOIS.
J’ai présumé qu’un premier roman écrit par une jeune femme des îles ne pouvait être que frais et léger.
Grave a priori : le livre est grave, écrit dans un style très particulier chargé de douleur, construit selon une narration à multiples sujets qui n’en facilite pas la lecture.
Je dois avouer ne pas avoir pu arriver au terme de ce roman, qui a dû exiger un énorme effort d’écriture à l’auteur.
Ainsi, ces trois livres écrits par trois femmes très différentes par leurs trois destins nous rappellent le plaisir de lire et aussi la difficulté de cet exercice.