« Seul de toutes les créatures visibles et intelligibles l'homme a été créé double par Dieu; il a un corps formé des quatre éléments avec la sensibilité et le souffle grâce auxquels il participe à ces éléments et vit en eux, il a une âme douée d'intelligence immatérielle et incorporelle, unie à ces éléments d'une manière indicible et indiscernable, dans une fusion sans mélange ni confusion. Voilà ce qui constitue un individu humain, animal mortel et immortel, visible et invisible, connu par la sensation et l'intelligence, capable de contempler la création visible et de connaître l'intelligible. »
Saint Syméon le Nouveau Théologien
« Car de même que par la pensée ils se sont détournés de Dieu et se sont fait des dieux du néant, ils peuvent par l'esprit qui est en leur âme monter vers Dieu et se retourner vers Lui. »
saint Athanase d'Alexandrie
La négation de l'âme et de la complexe structure de l'homme pourrait quasiment être une « preuve » de l'influence de la philosophie, de la pensée et du langage sur la réalité « charnelle ». Dans son essai « Egobody, la fabrique de l'homme nouveau », Robert Redeker s'essaie (imparfaitement) à dresser la généalogie de cette perte, de cette disqualification volontaire de l'homme-intégral, de cette inframorphose.
Imparfaitement tout d'abord parce qu'il se positionne dans cet espace philosophique que Nietzsche lui-même a voulu désintégrer. Parce qu'il se place là, précisément, dans cet illusoire mirad'or de « l'idée-idéal » d'où furent tirer les premières salves (parfois inconscientes) contre la constitution mystique (c'est-à-dire vraiment réaliste) de l'homme. Là où Redeker vise juste c'est lorsqu'il considère que l'état actuel, diminué ou du moins considérablement « replié », de l'homme est à la fois inédit et dans une logique continuité.
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