Magazine Culture
Éditions Moisson Rouge
250 pages
18 euros
Résumé:
« Je m’appelle Ilyès. À Saint-Denis, on me connaît sous le surnom du Marseillais. Je suis capable de griller le code d’une carte bleue en un clin d’oeil. Une fois mon travail réalisé, je peux dépenser sans compter. J’ai assumé mes conneries et vu le paquet de fric que cela m’a rapporté, la mise en parenthèses de ma liberté en valait le prix. Saint-Denis a été le théâtre de mes premiers coups. J’ai été assez malin pour passer les diplômes du crime, les autres candidats se sont retrouvés à vendre de la came ou du shit. Certains sont morts, d’autres se sont perdus entre les allers-retours au placard. Au fond de moi, je sais que ma sortie n’est que provisoire et que je vais reprendre la direction de la maison d’arrêt à la moindre erreur. »
Ilyès, voleur à la ruse le plus doué de sa génération, vient de purger une peine de dix-huit mois à Villepinte. Avant de reprendre les affaires, il doit s’occuper du mec qui l’a balancé, un ancien pote empêtré dans des histoires de drogue et protégé par Stéphane, un flic ripou, narcissique et manipulateur qui ne recule devant aucun trafic pour faire un billet.
Les Anges s’habillent en caillera s’inspire du parcours du Marseillais, devenu à 25 ans une légende en région parisienne. Le roman nous plonge dans l’univers de Saint-Denis, ville-personnage, avec sa galerie d’anges et leurs histoires insolites, drôles, sombres et parfois cruelles.
L'avis de Dup:
J'ai bien aimé cette lecture, aussi vais-je mettre en premier mon point négatif, afin que le reste n'en pâtisse pas car ce roman vaut le détour! Mon seul bémol donc vient du style de l'auteur pour lequel il faut un certain temps d'adaptation. Dans les dialogues, les pensées et même dans la narration il y a du verlan. Parfois même de l'arabe, mais bon, on a la traduction quand même :)) . Si cela permet de s'immerger très vite dans ce monde, cela lasse un peu par moment. D'autant que bien souvent il me fallait réfléchir pour comprendre, retourner les mots dans ma tête...bref il en découle une lecture pas toujours très fluide.
Bon, l'histoire maintenant: on suit le parcours d'Ilyès, dit "le Marseillais". Un jeune marocain du neuf-trois, de Saint-Denis, du quartier des tours, bref une caillera comme les autres ... Les habitants du quartier, qu'ils soient rebeu, renoi ou autres sont toutes des cailleras ( je précise que c'est l'auteur qui le dit hein ! ). Les plus jeunes vont à l'école car c'est obligatoire, mais la vraie vie, leur vraie vie, c'est après, dehors pour du trafic en tout genre : vol à l'étalage, vol à l'arracher de sacs à mains, de téléphones portables, trafic de voitures, de motos, de drogues, etc...et j'en oublie sûrement !
Ilyès lui sa drogue c'est le fric : se faire un max de gen-ar en un minimum de temps. Et il excelle dans son domaine, les cartes bleues. Mais pas n'importe lesquelles, il traque et repère les détenteurs de Black Card. Celles qui lui permettront de tirer 8 à 9 fois 1000 euros au distributeur du coin. Il est rusé, adopte un scénario différent selon sa proie. Tantôt il joue le junkie, tantôt le trisomique, tantôt la drague, et il la joue finement : il subtilise la CB, mais la remplace toujours par une autre identique mais périmée ! Ainsi la victime ne s'en rend pas compte tout de suite et cela lui permet de se servir largement... pas d'opposition immédiate !
Bien que je ne cautionne pas ce mode de vie, à l'image d'ailleurs des pères et des mères de ces cailleras comme le précise bien l'auteur, il m'a bien plu ce Marseillais. Pour son intelligence (j'étais morte de rire devant certains de ses scénarios ), pour son amour pour sa famille, sa mère surtout, et son bled au Maroc. Et puis, un voyou qui kiffe grave sa race Brel, Aznavour, Renaud ou Mylène Farmer plutôt que le rap ... :))
Mais surtout quand on se rend compte que les plus pourris là-dedans, ce sont des flics des stups ! Que ce sont eux qui orchestrent tout sur le terrain et qui s'en mettent encore plus plein les poches... Et bien oui, nos cailleras là, ce sont des anges à côté !!! Car ces ripoux ont plus d'armes, plus d'appuis, plus de coudées franches et leur perversion est maximale. Ils jouent avec la vie des autres comme de vulgaires pions sur un échiquier. C'est révoltant, mais fort instructif je dirai...
En résumé, une lecture intéressante, instructive et oserai-je, dépaysante !!!
Je remercie les Éditions Moisson Rouge pour ce partenariat.