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Le Passage, de Louis Sachar

Par Carolune

 

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Méfiez-vous. Ce livre va vous donner envie de croquer des oignons crus. De creuser des trous de 1 mètre 50 de diamètre et de profondeur. D'escalader une montagne. De respirer vos vieilles baskets. De mettre du rouge à lèvres avant de partir à la poursuite de vos ennemis. De tout savoir sur l'existence oubliée de votre arrière-arrière-arrière-grand-mère. Et ce, même si vous haïssez les liliacées, même si vous détestez l'alpinisme et les travaux forcés, même si vous avez les cosmétiques en horreur autant que les odeurs de pieds, et même si la généalogie et les histoires de famille vous indifférent profondément. Maintenant, pour échapper à tout cela, c'est simple. Il vous suffit de ne pas imiter les centaines de milliers d'adolescents américains qui ont déjà plébiscité ce livre, et de ne jamais l'ouvrir.

Voici un drôle de roman jeunesse ! Drôle dans tous les sens du terme, d’ailleurs…

Le Passage raconte l’histoire de Stanley Yelnats, un adolescent incroyablement poissard, que l’on envoie au camp de redressement du Lac Vert pour avoir volé les baskets – malodorantes, en plus !  – d’une star du base-ball, crime dont il est d’ailleurs innocent. Le Camp du Lac Vert est en réalité un gigantesque désert, et les travaux forcés auxquels Stanley va devoir se plier consistent à creuser des trous d’1m50 de diamètre sur 1m50 de profondeur. Cela tombe bien, c’est exactement la longueur de la pelle fournie aux garçons. Un trou par jour, telle est la règle, et nul ne quitte le chantier avant d’avoir fini… Cet étrange travail est ordonné par le mystérieux « directeur » du camp, dont on ne voit généralement que les sous-fifres, parmi lesquels le terrifiant Mr Monsieur, mais tous les garçons s’y plient docilement sous peine de sévères sentences, sans savoir à quoi ces trous pourront bien servir. Aucune évasion ne semble d’ailleurs possible : le désert est infesté de lézards jaunes, dont la morsure est mortelle, et, de toute façon, il n’y a pas d’eau à des kilomètres à la ronde…

En parallèle nous est racontée l’histoire de l’arrière-arrière-grand-père de Stanley, qui a condamné toute sa descendance à la malchance en omettant de tenir une promesse fait à une vieille gitane, et de sa rencontre avec une certaine Katherine Barlow, ancienne institutrice dont l’amour de jeunesse, un jeune homme noir, avait été lynché par les habitants de son village, et qui décida alors de devenir une sorte de Calamity Jane, tuant les hommes par ses baisers…  

Bien sûr, les deux intrigues vont se rejoindre, d’une manière à la fois logique et inattendue, une fois que Stanley aura décidé de s’évader du camp en compagnie d’un autre garçon, surnommé Zéro…

   Le premier attrait de ce roman jeunesse réside dans son côté déjanté : le livre fourmille d’idées toutes plus loufoques les unes que les autres – les baskets puantes comme objet du délit de Stanley, les surnoms des camarades de Stanley au camp, les terrifiants lézards jaunes, le régime à base d’oignons crus (point important du livre…je n’en dis pas plus !)…

   D’autre part, c’est un livre habilement construit, avec plusieurs niveaux de narration très bien articulés entre eux et des allers-retours constants et naturels entre le passé (l’arrière-grand-père de Stanley et Katherine Barlow) et le présent (ce qui se passe au camp du Lac Vert). Cela rend le récit plus dynamique et intrigant, et c’est très réussi.

   Mais c’est aussi et surtout un roman initiatique très original : il délivre des messages profonds, sur l’amitié, l’engagement, l’intégrité, sans jamais paraître moralisateur mais au contraire en suggérant toutes ces idées sur fond de loufoquerie… Un livre à la fois léger et profond, donc, divertissant et marquant, à offrir aux ados de notre entourage en négociant avec eux une clause d’emprunt !


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