Marc Bellemare est avocat. Il a été ministre de la justice du gouvernement du Québec. Sept ans après avoir quitté la politique, il a lancé des accusations graves de trafic d’influence contre le premier ministre Jean Charest et le parti libéral du Québec en rapport avec les nominations de nouveaux juges. Le malheur, c’est qu’il n’avait pas de preuve. Il n’est donc pas surprenant qu’il vienne d’être débouté par le rapport de la commission Bastarache chargée par le gouvernement d’enquêter sur ses allégations.
Un autre malheur, c’est que Bellemare a du charisme, de la facilité à s’exprimer et à montrer de la conviction. Et lors de son témoignage, qui était télévisé, il a su par ses mots, son allure et sa démarche convaincre une majorité de Québécois et de Québécoises qu’il disait la vérité. Il avait l’air vrai.
Un malheur additionnel, c’est que les adversaires politiques du PM Charest et de son parti n’ont cessé d’agir comme si les avancés de l’avocat-accusateur étaient vrais. Ils n’ont cessé de dénigrer le PM au lieu de laisser la commission faire son travail. Un climat malsain s’est installé au Québec.
Au fur et à mesure de l’évolution de l’enquête, il devenait de plus en plus évident que la preuve n’existait pas. Ne voulant pas perdre le bénéfice politique qu’ils retiraient de toute cette affaire, les adversaires du PM se sont mis à dénigrer la personne du juge Bastarache prétextant qu’il était biaisé et n’était là que pour sauver le PM et son parti. Ces adversaires ont profité de la frénésie médiatique qui, de nos jours, s’empare de chaque scandale ou pseudo-scandale et rapporte n’importe quoi, n’importe quand et de n’importe quelle façon, sans tenir compte si c’est vrai ou faux.
Malheureusement, les opposants du PM ont attaqué la réputation d’un avocat de haute qualité, reconnu par ses pairs, qui a été juge de la Cour Suprême du Canada et un bon. Malgré qu’il était clair que le juge Bastarache était un homme de grande stature et ne s’abaisserait pas à s’impliquer dans de petites intrigues politiques, ils ont continué leur campagne démagogique pour le diminuer dans l’opinion publique et préparer le terrain du jour de la présentation du rapport afin que les Québécois aient l’impression que toute l’ « affaire est arrangée ». Quelle irresponsabilité! Avec ce qu’ils sèment aujourd’hui, ils ne devraient pas être surpris si un jour ce soit leur tour.
Par des billets passés de mon blog, je me suis élevé contre certaines décisions importantes du PM Charest. Comme ingénieur, j’ai compris depuis longtemps que ça ne tournait plus rond dans la construction et j’ai été un des premiers à proposer une commission d’enquête publique sur les coûts de la construction. De plus, dans l’affaire du gaz de schiste, j’ai réclamé un mandat plus étendu pour le BAPE qui tient des audiences sur le sujet. Je me suis rallié à l’idée d’un moratoire sur la question jusqu’à ce que cela soit fait et que le rapport soit produit. On ne pourra sûrement pas m’accuser de partisannerie lorsque je répète, avec conviction, que Jean Charest est un homme honnête et intègre. Le rapport Bastarache vient de le blanchir. Charest a été victime d’attaques personnelles et malhonnêtes. Qu’on attaque ses politiques, j’en suis. Mais que l’on ne cherche qu’à le salir pour gagner des points électoraux, je dis non d’autant plus que c’est toute la classe politique qui en subira éventuellement les conséquences.
La politique est importante dans notre vie et ceux qui nous dirigent doivent pouvoir gouverner sereinement. Les campagnes de dénigrement personnel contre les hommes et femmes politiques doivent cesser afin que nous puissions les juger de façon objective ainsi que les politiques qu’ils proposent.
Le juge Bastarache a produit un bon rapport. L’avocat-accusateur n’a pas réussi à faire la preuve de ses allégations. Mais ce qui est plus important, c’est que le juge a reconnu que même si les procédures du passé pour le choix des juges en aient produits généralement des bons, il est nécessaire aujourd’hui qu’elles soient adaptées à nos mœurs actuelles afin d’assurer que dorénavant nos futurs juges soient choisis en toute transparence, objectivité et sans influence. Bravo juge Bastarache pour vos recommandations et merci pour un travail bien fait.
Enfin, j’espère que nos politiciens fédéraux tiendront compte des échos qui viennent du Québec et qu’ils modifieront sérieusement la méthodologie pour le choix des juges de la cour supérieure car il y a là encore plus à faire.
C’est fini le temps d’un gouvernement bleu, juges bleus ! Gouvernement rouge, juges rouges ! Gouvernement péquiste, juges péquistes !
Claude Dupras