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Par Eddie Williamson - BSCNEWS.FR / Je reçois beaucoup (moins que certains, plus que d’autres) de mails de promotion avec à l’intérieur des extraits d’albums, des EPs, des singles, tout ce que vous voulez. Il y en a très peu qui arrivent à trouver leur place dans ces colonnes, même si je me fais un devoir d’en écouter un maximum (le truc c’est que j’oublie souvent de répondre aux mails pour leur dire que « c’est sympa, mais pas assez »), parce que des fois, je tombe sur des trucs franchement cools. Le tout premier disque de BLORR (acronyme officiel), c’est exactement ça : une demi-heure surprenante et cool d’un bout à l’autre.
Imaginez… Imaginez un EP qui vous fasse penser à Led Zeppelin, João Gilberto, aux plus grosses bombes dancehall que vous ayez entendues, aux Black Keys, et, cerise sur le gâteau, un EP qui possède un featuring de la plus jolie violoncelliste du monde ? Si vous avez l’imagination fertile, vous devriez vous rapprocher de cette petite merveille qu’est Bim Bom. En plus il paraît que leurs concerts sont parmi les plus électriques et furieux du moment.
Après ces deux paragraphes, vous devriez déjà avoir envie d’écouter le disque. J’fais quoi, je continue ? (« ouiiii », crièrent-ils tous en choeur) (bah quoi, on a le droit de rêver !)
Pour un premier EP autoproduit, la chose sonne diablement bien. L’épique «Boy You Need Jesus » qui ouvre le morceau, avec son riff de guitare à la Led Zeppelin, donne le ton et ne prépare finalement pas du tout à ce qui suit. Comment imaginer qu’un morceau pareil, transpirant la testostérone et invoquant les dieux du rock’n'roll, puisse déboucher sur « Hallelujah I’m BLORR’n Again », hymne dancefloor ?
En une demi-heure, Cookie et Hotdamm – c’est leurs noms – vous trimbalent sans ménagement d’un univers à un autre. On a même droit à une petite excursion psychédélique sur laquelle Cookie se la joue shaman (« Seven Sisters »). Enfin, je dis sans ménagement mais il y a bien ces interludes bossa nova – oui, vous avez bien lu – qui laissent le temps de respirer et de se demander ce qui va vous tomber dans les oreilles juste après.
Et après le premier interlude, « My Blushing Grape » avec en featuring, donc, Alexandra Lawn, la violoncelliste de Ra Ra Riot. c’est « My Terrific Tushhh ». Il fallait bien un morceau qui tienne moins bien la route que les autres, c’était trop beau. Avec ses basses gonflées à bloc je le trouve un peu daté et lourd à écouter. Une fois ça va, mais à chaque nouvelle écoute de Bim Bom je la zappe tout simplement.
Il faut vous préciser que je préfère le rock’n'roll à l’électro (vous l’avez sûrement deviner si vous suivez mes articles depuis quelques temps), et donc « Booty Makin’ Baby Shakin’ » correspond un petit plus à ce qui me fait le plus plaisir quand je mets un casque sur mes oreilles. Retour de la testostérone et des riffs explosifs à la Black Box Revelation, simple et efficace, même si « Boy You Need Jesus » reste mon morceau rock préféré du disque (il m’a fait penser à Led Zeppelin, que voulez-vous que j’vous dise, dans ma bouche il n’y pas de plus beau compliment).
Nouvel interlude. Ils sont assez déboussolants ces interludes bossa nova. Ils donnent l’impression de sortir de nulle part. Peut-être faut-il connaître la petite histoire qui accompagne le disque, une histoire d’amour entre Cookie et sa muse fictionnelle Delisa (c’est tout ce que raconte le communiqué de presse). A partir de là, les virages stylistiques sont un peu plus compréhensibles (ou pas), ils illustrent sans doute les différentes phases de leur relation. Les albums conceptuels, j’ai toujours un peu de mal. Heureusement pour le coup le concept n’a pas trop d’importance puisque les morceaux se suffisent très largement à eux-mêmes.
Les deux derniers morceaux valent aussi que je m’y arrête un instant : la première moitié « A Baby Is Born » évoque assez clairement les Black Keys et ce n’est pas pour me déplaire, avant de reprendre une teinte plus BLORResque, si j’ose dire. Ce qui fait leur particularité, c’est la voix élastique de Cookie Sugarhips, qui sait se faire torride ou voluptueuse à souhait… Quand quelqu’un sait chanter sur de l’électro, du rock et de la bossa nova, j’crois qu’on peut qualifier sa voix d’élastique, non ? C’est carrément à Jeff Buckley qu’il me fait penser sur « Oh Christopher ». J’ai cité beaucoup de noms dans cette chronique, c’est que leurs influences sont claires comme de l’eau de source et que j’aimerais vous donner suffisamment de repères pour apprécier ce disque au maximum !
Tiens, il me vient soudain à l’esprit une nouvelle interprétation de ces changements de rythme… Rapide, lent, ça ré-accélère, puis ça ralentit de nouveau… Ça ne vous rappelle rien ? Mmmhmm, je vois que je ne suis pas la seule à avoir l’esprit mal tourné (ou bien tourné, d’ailleurs, pourquoi ce serait mal d’y penser ?). Bref, je diverge.
Bim Bom, qui est aussi le titre de ce qui est considéré comme la première chanson bossa nova, est un premier disque qui en appelle de nombreux autres et soyez sûrs que je vous tiendrais au courant de la carrière du Bastard Lovechild of Rock n’ Roll. Meilleur EP de l’année !
Sorti le 1er octobre 2010 (autoproduction).