En rassemblant les leaders socialistes autour d’un calendrier et en fixant la feuille de route pour 2011, Martine Aubry continue de tracer son chemin qui la mène vers les primaires
socialiste. Reste à trouver « le fil » qui structurera le projet.
Un calendrier pour les primaires qui ménage chacun, une feuille de route, un projet en mai… De quoi détendre Martine Aubry. Pour ses vœux à la presse, la première secrétaire s’est montrée sous un
visage plutôt guilleret. « Je pense que le PS sort renforcé », assure-t-elle après son discours. Le PS, mais elle aussi. « Mon souci est que chacun se sente bien dans le parti. J’ai passé
beaucoup de temps à parler avec chacun. C’est un calendrier gagnant ». Qu’importe les doutes de François Hollande ou de certains proches de DSK, la première secrétaire a réussi à contenir chacun.
« Aubry a voulu montrer qu’elle tient le manche », glisse une supportrice de Strauss-Kahn. Pour Razzy Hammadi, proche de Benoît Hamon, « c’est un calendrier qui n’empêche personne ». Le fabiusien
Henri Weber se fait rassurant : « Six à huit mois de campagne, c’est beaucoup. Les types ont perdu la mémoire… »
Aubry : « Je peux (être candidate). Ce n’est pas pour ça que j’ai décidé ! »
Martine Aubry continue sa méthode : du sérieux, du travail, quitte à paraître austère. « Ça porte ses fruits », croit le sénateur David Assouline. La feuille de route de 2011, avec 2012 en ligne
de mire, est toute tracée : « Gagner en mars les cantonales, présenter en mai notre projet, réussir en septembre les sénatoriales, choisir le meilleur candidat, rassembler la gauche », lance la
maire de Lille. Elle appelle à « s’indigner », comme Stéphane Hessel. Veut faire de l’emploi « la priorité des priorités » avec « 200 000 emplois d’avenir pour les jeunes ». Rode ses formules : «
On donne toujours plus à Neuilly qu’à Bondy, à l’actionnaire qu’au fonctionnaire ». Et joue la filiation mitterrandienne : « Nous préparons l’alternative, je le dis avec force. Mais la force peut
être tranquille, on le sait ».
« Ce qui fait sa force, c’est de ne pas lâcher. Si elle laisse filer sur le calendrier, c’est fini, elle aura perdu ce qu’elle est », analyse Marylise Lebranchu, proche de Martine Aubry. La
présidente de le FNESR (Fédération nationale des élus socialistes et républicains) doute même du retour de DSK : « Je ne crois pas aujourd’hui à une candidature de Dominique. Mais c’est juste du
feeling ». Quant à « Martine »… « Est-ce qu’elle a la capacité ? Oui. Est-ce qu’elle a l’allant physiquement et mentalement ? Oui », assure Lebranchu, pour ceux qui doutent de sa volonté. La
première intéressée laisse elle-même les portes ouvertes : « Je peux (être candidate). Ce n’est pas pour ça que j’ai décidé ! »
« Ségolène fera peut-être la tournée des plages »
Reste que le calendrier laisse quelques partisans du patron du FMI sur leur faim : « Ces deux mois d’été, après le dépôt des candidatures, c’est un peu étrange », selon un député socialiste. «
Qu’est-ce qu’on va faire ? Ségolène fera peut-être la tournée des plages… ». Malgré la tentative de Jean-Christophe Cambadelis, lieutenant de Dominique Strauss-Kahn, de reporter le vote à
novembre, le pacte tient toujours selon la patronne du PS : « Notre réflexion collective avance très bien entre Dominique, Laurent et moi », assure Martine Aubry à quelques journalistes. Elle
appelle régulièrement « Dominique ». Et le voit. Bref, elle l’assure, tout va bien : « Nous étions soi-disant la carpe et le lapin. Nous avons continué à discuter et à réfléchir ensemble ».
a course de haies socialiste est loin d’être terminée. La préparation du programme va occuper le PS jusqu’en mai. « Notre projet est déjà largement écrit », a souligné Aubry devant les caméras. «
A la fin du printemps, vous saurez ce que nous proposerons pour les 100 premiers jours, la législature et la décennie ». « Nous hiérarchiserons, nous financerons », assure-t-elle, après les
critiques internes lors de la convention sur l’égalité réelle. Car il manque encore à l’ébauche de projet socialiste une ligne directrice, une colonne vertébrale, un projet pour la France. « On a
quand même un peu travaillé depuis deux ans », insiste-t-elle, rappelant « la société du bien-être », cette société du « care ». Tout en reconnaissant qu’il manque « le fil autour duquel se fera
le projet ».
Source : Public Sénat