Flexblue, mini centrale nucléaire près de chez vous

Publié le 20 janvier 2011 par Bix

Alors qu'Areva claque 15 millions d'euros dans sa dernière campagne au storytelling miteux et mensonger, le réseau Sortir du nucléaire riposte par un contre-spot.

Rappel de l'existence des déchets toxiques dont on ne sait toujours pas quoi faire, vampirisation des subventions au détriment développement des énergies renouvelables et des incitations aux économies d'énergie : tout est là dans cette petite minute militante. Bravo au Réseau pour sa promptitude.

Mais le combat est loin, très loin d'être gagné.

Loin des immenses centrales, la DCNS (ce n'est pas un sigle) va peut-être proposer une mini-centrale nucléaire, Flexblue. Comme en témoigne cet article flagorneur et pro-nucléaire du Télégramme (Brest est en plein Nucléairistan aussi, il faut comprendre) : Nucléaire. DCNS lance le concept de centrales immergées.

Mais écoutons plutôt le PDG de DCNS, qu ne tarit pas d'éloge pour son bébé :

À entendre Patrick Boissier, son bébé Flexblue, qui sera téléopéré depuis la terre, n'a pas beaucoup de défauts. Il saura respecter l'environnement. Le seul rejet, ce sera de l'eau de mer. Bien ancré, Flexblue ne craindra pas les tempêtes, les séismes et autres tsunamis. Par ailleurs, être sous l'eau est un avantage, car «l'eau de mer est une source de refroidissement infinie». Essentiel pour les chaudières.

Le Télégramme se garde bien de le contredire. Cela dit, c'est vrai que quand on regarde la vidéo ci-dessous, on ne voit pas du tout où un problème pourrait se poser. C'est l'intérêt des images de synthèse, un peu comme les maquettes ou dessins d'architecte : tout est lisse et propre.

Il s'agit tout de même de mettre une centrale nucléaire sous la mer, à quelques kilomètres des côtes. L'eau aux alentours va se réchauffer, mais aucune crainte à avoir : c'est pas comme si on nous avait déjà menti à propos des risques du nucléaire et des petites fuites ! Le terrorisme ?

«Il y aura un maillage métallique pour empêcher toute approche. Ce sont les moyens analogues à la protection des sous-marins».

Un grillage ? On est tranquille alors, ce grillage protégera sûrement très efficacement la mini-centrale en cas de naufrage d'un chalutier ou d'un super tanker.

Puisqu'on parle sécurité, parlons sécurité d'approvisionnement : il y a un problème à confier la production de l'énergie pour une ville entre 100 000 et 1 million d'habitants à un seul et unique engin. C'est beaucoup moins sûr que la redondance d'un réseau électrique à la logique calquée sur celle d'Internet (les fameux smart grids), avec multiplicité des lieux de production et divers nœuds. Sans oublier ce qui doit être le fer de lance de n'importe quelle politique énergétique digne du 21è siècle : les économies d'énergie. Plutôt que de bêler «Le monde est avide d'énergie » comme le PDG de DCNS.

Et ce sont ces gens-là qui nous traitent, nous les écolos, d'utopistes irréalistes. Quand je vois ce genre de projet j'ai envie de crier "aux fous", car le projet commercial ne prévoit rien moins que 68 pays intéressés par l'électronucléaire de petite taille. Une propagation démentielle de matières fissiles, en plein courants marins.

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