Par Sébastien Delahaye - http://www.ecrans.fr/
Représentation graphique des échanges d’un fichier sur BitTorrent. CC djxspike
Peer-to-peer par-ci, BitTorrent par là... Mais c’est qui à la fin, ce monsieur Pirtoupir ? Et comment ça marche ce machin BitTorrent ? C’est un gros mot ? On peut vraiment y trouver tous les morceaux de Sheryfa Luna et tous les films avec Samy Naceri ? Et est-ce que c’est vraiment bien légal, tout ce bazar ?
Le peer-to-peer, tout d’abord, alias p2p. Sous ce terme abscons se cache la principale forme d’échanges de fichiers entre internautes depuis l’arrivée de Napster en 1999. Une jolie périphrase pour éviter de parler de piratage, même si le peer-to-peer a aussi des usages légaux (Vidéo à la demande sur Joost, mise à jour de jeux vidéo dans World of Warcraft...). Traditionnellement, sur le net, les fichiers à télécharger sont mis en ligne sur un site. Les internautes peuvent alors les récupérer et/ou en rajouter de nouveaux. Le modèle est toujours en application sur de nombreux sites d’hébergement. Le système pose toutefois le problème de tous les systèmes centralisés : en cas de disparition du site, tous les fichiers se perdent dans la nature.
Avec le peer-to-peer, la méthode change radicalement. Il y a certes toujours quelque chose ressemblant à un serveur central, mais l’essentiel des échanges se fait entre les utilisateurs : les fichiers à échanger sont directement sur le disque dur des internautes, et ils transitent directement entre eux, sans passer par un intermédiaire supplémentaire. D’où le nom peer-to-peer : de pair à pair, d’utilisateur à utilisateur. Le serveur central ne sert principalement qu’à tenir un index des fichiers échangés. S’il disparaît, pas de problème : un autre peut le remplacer très rapidement.
A ce petit jeu, BitTorrent, apparu en 2001, est rapidement apparu comme le meilleur protocole d’échange de fichiers peer-to-peer. Le système est tout simple : on cherche sur le web le fichier à télécharger, par exemple un album distribué (légalement) sur le site musical Jamendo. Le fichier a pour extension « .torrent », et on parlera couramment de « torrents » pour désigner ce type de fichiers. Les torrents eux-mêmes sont de tout petits fichiers, qui ne sont pas directement utilisables. Pour télécharger réellement l’objet de ses envies (toutes proportions gardées, tout de même), il faut ouvrir ce fichier torrent avec un logiciel adapté. Dans ce mode d’emploi, on utilisera Azureus, un logiciel adapté (on parle de « client BitTorrent ») qui a l’avantage d’exister à l’identique sur Windows, Mac OSX et Linux.
Azureus en plein téléchargement dans l’interface par défaut, qui s’affiche quand on lance le logiciel. Toutes les informations essentielles sont affichées, sans s’encombrer de complications lexicales ou techniques.
Une fois le logiciel installé (une opération qu’on ne fait qu’une fois), il ne reste plus qu’à ouvrir le torrent dans Azureus. Le logiciel demande alors dans quel répertoire il doit stocker les fichiers à télécharger... et c’est tout. Le téléchargement débute, d’abord lentement. Il gagnera petit à petit en vitesse. Le fichier est découpé en milliers de petits morceaux, chacun chez un internaute différent. Plus il y aura d’internautes à partager le fichier, plus le téléchargement pourra aller vite.
L’interface « avancée » d’Azureus (à laquelle on accède en cliquant sur le bouton « Avancé » en haut à droite) est nettement plus austère, mais également plus détaillée. A réserver toutefois aux habitués.
Tous les échanges se font directement entre les internautes, mais un point central reste nécessaire, afin de savoir qui possède quel fichier. Ce point central, dans la terminologie BitTorrent, on l’appelle le « tracker ». Le tracker conserve des listes de fichiers et d’utilisateurs, et sait à tout moment ce qui a été téléchargé et par qui. Ce mécanisme évite de télécharger deux fois le même morceau de fichier, et permet d’envoyer aux autres internautes les morceaux dont ils ont besoin. Car comme tout système peer-to-peer, BitTorrent fonctionne sur le principe de l’échange : tout ce qui est téléchargé doit aussi être envoyé à d’autres internautes. Par politesse, il faut ainsi renvoyer au moins autant que ce que l’on a reçu. Les débits ADSL étant différent en réception et en envoi, il faudra le plus souvent laisser son client BitTorrent ouvert quelques heures après la fin du téléchargement. Cela permettra d’obtenir un ratio d’échange positif sur le tracker. Certains trackers ont en effet tendance à pénaliser les « mauvais » téléchargeurs, qui récupèrent des fichiers sans jamais rendre la pareille. On distingue d’ailleurs deux types d’internautes partageant les fichiers : (attention, jargon !) les « seeders » (ou sources) et les « leechers » (ou clients). Les seeders possèdent l’intégralité du fichier et sont juste là pour le partager avec d’autres, tandis que les leechers sont à la fois en train de télécharger et d’envoyer le fichier.
Et tout ça, c’est légal, alors ? Tout dépend de ce que l’on télécharge. BitTorrent n’a rien d’illégal en soi, puisqu’il n’est qu’un outil. Et on trouve de nombreux contenus (audio, vidéos, logiciels) distribués légalement via BitTorrent. Il faut toutefois souligner que la majorité des fichiers que l’on trouve en téléchargement sur les sites proposant des torrents sont des œuvres protégées mises en ligne sans l’accord des auteurs. Les plus respectueux de la loi éviteront donc soigneusement de télécharger l’intégrale de Sheryfa Luna ou la collection complète des Taxi avec Samy Naceri.