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Le dernier salon où l’on cause

Publié le 20 janvier 2011 par Juval @valerieCG

Hier je lisais un billet sur une enfant qui s’était suicidée à Lyon.Peu importe le billet, peu importe l’auteure même si j’aimerais qu’elle lise ce billet ci.

L’auteure s’étonnait qu’une enfant si jeune puisse se suicider et émettait donc l’hypothèse que, peut être, les parents l’avaient tuée.

Je peux comprendre ce questionnement. Mais j’aurais envie de rappeler une  chose à cette blogueuse comme à toutes ces personnes qui me soumettent les mêmes questionnements dans le cadre du boulot.

Vous êtes dans un espace public. Peut être que les parents de cette enfant sont en ce moment même sur Internet et lisent que vous les prenez pour des assassins.
Peut-on imaginer la douleur qu’ils éprouvent que vous augmentez encore par vos suspicions ?

Je ne parle même pas du fait - et sans rire je devrais me lancer dans une carrière de conseil juridique pour blogueurs car beaucoup vont finir par prendre cher - que vous pouvez vous prendre une plainte, méritée, pour diffamation.

Le billet de cette blogueuse n’est evidemment qu’une épiphénomène. Cet après-midi, un client, m’a demandé si vraiment la gestion de communautés s’était durcie en dix ans. J’ai répondu que oui, bien evidemment.

Pour plusieurs raisons.
- la presse qui doit faire tant de pages vues, pour générer tant de revenus publicitaires, sait qu’un bon vieux fait-divers des familles occupera tout le monde. Soyons clairs, à part générer des hypothèses sordides ou des “RIP”  sans intérêt quel espèce d’intérêt a ce genre de nouvelles ? Constater que le suicide chez les très jeunes augmente ? Que non pas, rien n’est analysé.  il faut juste remplir des pages et occuper les internautes ; rien (à part l’islam et Royal soit) ne marche mieux qu’un fait-divers auprès des internautes en termes de pages vues et de réactions. Le fait-divers ne génère, par définition, que de réactions sordides et en général hors la loi. L’idée même de “débattre” pour savoir si oui ou non cette gamine s’est suicidée, pourquoi, comment et est ce bien un suicide et pas un meurtre témoigne bien, je crois, de l’inutilité sociale du fait-divers.
Que cela leur plaise ou non, la presse est directement responsable  - mais elle n’est pas la seule - de la violence écrite des commentateurs, de leur ego boursouflé et de leur ignorance assumée des lois.

- Vous. Oui vous, internautes et votre ego surdimensionné. Qui connait les lois régissant la liberté d’expression ? Quasi zéro.  La moindre affaire de blogueur censuré vous fait monter sur vos grands chevaux tant on ( = les marques, les agences) vous a fait croire que votre opinion avait une quelconque valeur.

Je le disais il y a quelques temps chez Mry, la notion de community manager me fait pousser des hurlements de rire ; autant l’appeler “manager des individualités” on sera plus poche de la réalité. Quelles communautés ? Ou cela ?
Si une personne est capable de m’expliquer exactement ce qu’est la communauté qu’il gère, de qui elle se compose et pourquoi il la nomme ainsi, peut être qu’on avancera sur le sujet.

Tout ceci pour en arriver où ?
Répéter qu’un blog est un espace public ? Twitter aussi ? Les communautés presse également ?
Que vous ne parlez pas à vos potes dans votre salon et que des gens vous lisent ?

Qu’au delà des risques juridiques que vous prenez, vous êtes en train, vraiment, de préparer un pont d’or à tous ceux qui voient en Internet un monde infiniment dangereux.  Je comprends bien l’envie, à l’abri avec sa TL sur Twitter, de balancer qu’untel est un voleur, que tel autre partouze et que le 3eme est coutumier des back rooms. Je comprends, sous couvert d’analyse politique le besoin de dire qu’unetelle et folle, que l’autre obsédé sexuel, l’autre mariée avec un islamiste et le dernier malade mental.

J’aurais toujours en souvenir une communauté de mères de famille. Elles balançaient des photos de leurs mômes, tranquilles. Jusqu’au jour où elles se sont rendues compte qu’une déséquilibrée prenait les photos et faisait passer les enfants pour les siens. Elle en a ainsi “fait mourir” un d’une leucémie pour attirer la compassion. Ces femmes là ont réalisé, car elles avaient fini par l’oublier, qu’elles étaient sur un espace PUBLIC, pas entre copines.

Comme dans tout espace public, on ne dit pas tout, on ne montre pas tout. Ca vous viendrait à l’idée vous, d’aller vous planter place de l’Etoile pour hurler que les parents de la gamine défenestré l’ont sans doute tuée ? c’est exactement ce que cette blogueuse a fait.
Cela vous viendrait de hurler en pleine rue que tel homme politique est un nazi ? C’est ce que beaucoup font chaque jour sur leurs blogs.

Je suis particulièrement sensible à cela, sans aucun doute car c’est mon métier que de vous censurer faire en sorte que mes clients soient en conformité avec les lois. Mais la question que je me pose à propos de cette blogueuse et bien d ‘autres, est leur vision du blog et d’Internet. Est-ce pour eux un espace privé entre amis ? Le blog devient-t-il un salon, un espace privé virtuel ?

Continuez :o) ; vous me faites bouffer et je vais bientôt passer au caviar à tous les repas avec vos débordements répétés.


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