Mademoiselle Aurélia façonne des bijoux fantaisie aux lignes féminines, qui esquissent en filigrane une poésie romantique (et romanesque!), pour créer des chaperons rouges couleur fushia, des poissons volants, des camées contemporains et des envolées d’oiseaux découpés dans le métal ! Aujourd’hui, elle nous en dit plus sur son univers créatif…
Mademoiselle Aurélia en pleine création // Boucles d'oreilles "Tsubaki"
Parlez-nous un peu de vous, votre passion, votre parcours personnel, votre marque…
Enfant je passais beaucoup de temps à dessiner, à expérimenter des activités manuelles. Aussi je lisais beaucoup et il me semble que la création comme la lecture me permettent de façonner une sorte de cabane impalpable, enveloppante et exaltante. Après un bac L, j’ai passé une année aux Beaux-arts de Caen. J’ai découvert la gravure sur pierre, sur bois, la sérigraphie et la photo. Après m’être « évadée » plusieurs mois à Rome comme jeune fille au paire, je me suis dirigée vers l’architecture. J’ai adoré ces études que j’ai perçues comme une sorte de pépinière d’utopies où je me suis sentie dans le jeu et l’exploration de langages.
Après le diplôme, j’ai choisi de travailler d’agence en agence, je ne voulais pas me fixer. Pendant cette période, le manque de projet personnel s’est fait sentir. Après la naissance de mon fils en mars 2009 j’ai pu m’accorder du temps pour réaliser un vieux rêve : créer des bijoux et les communiquer. Ma petite entreprise existe depuis le 1er mars 2010. J’aimerais faire évoluer mes créations, essayer différentes matières, d’autres supports.
Collier "La Nuée" en métal. "J'ai dessiné ce visuel pour le voir découpé dans le métal. L'idée est de proposer un dessin qui se décompose, une matière qui se délite et je trouvais la nuée propice à cet effet."
A part créer des bijoux que faites-vous dans la vie, vos occupations ?
Avant d’être maman, je ne connaissais pas l’illustration jeunesse. Je ne m’y intéressais pas. Je passe désormais beaucoup de mon temps libre à explorer ce monde, je suis fascinée par le travail de Marie Desbons, Adolie Day, Barbara Brun, Annelore Parot, Flip Flop Design et bien d’autres… J’aime aussi que les illustrations deviennent des objets graphiques, (déclinées en bijoux, agendas, etc.) que l’on peut s’approprier et user. Voilà ma grande marotte du moment !
Qu’est-ce qui vous donne envie de créer ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je crée lorsque j’éprouve le désir de me retirer, de me suspendre. Aussi par curiosité, car lorsque je me lance, je ne sais pas vers quoi je vais. Il y a quelque chose à mettre à jour, à dévoiler, qui m’échappe. Cette appréhension me plaît. Je serais plutôt inspirée par des ambiances que par des lignes. Par exemple j’ai nourri le visuel « Le petit chaperon rouge » de sensations que me suggérait, enfant, l’ « Histoire de Blondine, de Bonne-Biche et de Beau-Minon », de la comtesse de Ségur qui m’a longtemps impressionné, parce qu’il porte, entre autre, la thématique de la forêt enchantée dont on ne ressort jamais.
Broche fantaisie en résine "Chaperon rouge", le médaillon se décline aussi en bijoux de sac et collier fantaisie !
Pouvez-vous décrire votre processus créatif (quand, comment, les matériaux que vous utilisez) ?
Je note dans un carnet des idées, des ambiances que j’utilise tout de suite, plus tard ou jamais. Lorsque je me lance, je ne dessine pas, j’imagine pendant plusieurs jours une ambiance. Une scène me vient à l’esprit, avec ses lignes, ses couleurs. Ainsi, au fil des jours le visuel prend forme et ce n’est que lorsqu’il m’apparaît clairement que je me mets au dessin. Je dessine tout sur ordinateur. Parfois le rendu est très fidèle à ce que j’avais imaginé, parfois il prend une tout autre direction ! Lorsque le dessin me convient, je réserve du temps pour déterminer les couleurs. Après je passe à la réalisation du bijou, je travaille la résine dans ma cuisine ! J’ai découvert la résine avec une amie, et c’est à deux que l’on a découvert la complexité du matériau. Il nous a fallu peut-être trois mois pour acquérir une technique. C’est un matériau très capricieux et il m’arrive encore d’avoir des ratés !
Laquelle de vos créations aimez-vous le plus ? Pourquoi ?
La création qui me tient le plus à coeur est celle que je conçois. Lorsque le bijou est réalisé et selon moi abouti, je m’en détache tout de suite, peut-être parce que je le connais par coeur, je lui ai consacré beaucoup de temps. Je suis toujours impatiente de passer à autre chose.
Collier fantaisie "Ombre chinoise" en métal. "Voici l'Ombre Chinoise, d'abord éditée en bijou résine, découpée dans le métal ! Cette fois-ci l'objet se creuse en son coeur pour faire apparaître une scène."
Pouvez-vous citer vos livres, films, chansons et sites internet favoris ?
Mon livre favori est « Le démon » de Hubert Selby Jr, c’est l’histoire d’un homme qui a sans cesse besoin de se mettre en danger pour éprouver le vide, ce livre me passionne. J’aime beaucoup « Le mur invisible » de Marlen Haushofer : un jour un mur invisible coupe une femme du reste du monde, tous les premiers gestes sont à réinventer, c’est un récit sublime. J’aime Yoko Ogawa pour son style cru et poétique, Yukio Mishima, Emmanuel Levinas, Hannah Arendt, Stefan Zweig, Julien Green, Nabokov, j’aime les ouvrages de Raymond Depardon, etc. Dans le domaine de la BD je ne me lasserai pas de « PeepShow » de Joe Matt. J’aime beaucoup les films de Wes Anderson, comme « A bord du Darjeeling Limited », j’adore « Phantom of the Paradise » de Brian de Palma et « Le magnifique » avec Belmondo (petit clin d’oeil à mon père et à mon frère !). Ma chanson préférée est « Rescue me » de Fontella Bass. J’aime découvrir des blogs d’illustrateurs, des sites de créateurs, et j’aime particulièrement le site du photographe Reza « Destins croisés », parce que je suis fascinée par tout ce qui touche le départ, l’errance.
Bijoux de sac "Chaperon rouge"/ Bijoux de sac "Tsubaki" bleu
Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
A vrai dire je ne me vois pas. J’ai tellement d’envies, de projets, que je ne sais pas vraiment où j’en serai dans 10 ans, je préfère me laisser surprendre !
Un grand merci à Aurélia d’avoir répondu à toutes nos questions !