Après l’expression des « cols bleus » du Michigan (industries), celle de la Caroline du Sud (religion et tradition), celle des cadres intellectuels ou petits bourgeois (New Hampshire) et celle du Nevada (atypique, entre Vegas et les grand espaces), la campagne américaine va bientôt vivre son « Super Tuesday » ou super mardi.
Le 5 février prochain, 22 états (soit la moitié du pays) votent en caucus ou en primaire pour choisir leurs candidats. Urbains et ruraux, ils comptent un grand nombre d’électeurs (voir carte) et donneront un élan déterminant à ceux qui sauront se détacher du peloton. Parmi les régions qui s’expriment on trouve l’état de New York et la Californie. Certains candidats ne s’en relèveront pas.
Faisons un tour d’horizon des derniers épisodes : Chez les éléphants, Mitt Romney, le milliardaire mormon, a remporté le Michigan. De son côté, Mc Cain, le héros de la guerre, vient de gagner la Caroline du Sud. Ces résultats mettent Huckabee, le pasteur chantant, dans une mauvaise posture : il n’a pas su, dans un état qui correspond à son profil évangéliste et sudiste, faire le break. Son avenir dans cette campagne semble compromis, surtout depuis ses récentes déclarations à travers lesquelles il demande un rapprochement constitutionnel entre église et état. Rudy Giuliani quant à lui reste en embuscade.
Chez les ânes, Lady H avance tambour battant en remportant le Nevada dans l’élan du New Hampshire. Après diverses prises de bec sur des questions raciales entre Hillary et Monsieur O, après les déclarations de Barack très clémentes à l’égard du mandat de R. Reagan pour tenter de se rallier une droite modérée et le troisième âge, la ténacité paye et Hillary accroche son adversaire. Les pics fusent au sujet de la relative « inexpérience » du plus jeune des candidats. La presse assure qu’une distance se creuse mais, à mieux y regarder, Madame H et Monsieur O restent tout de même au coude à coude. Disons que le débat devient moins clément et que la dame a ôté ses gants… Quant à Edward, il reste bon troisième.
Mais tandis que les candidats s’affûtent ou s’émoussent, la « conjoncture » change. Là où l’on pensait que l’Irak serait topique, s’invite la situation économique. Là où la politique internationale était le chiffon rouge, la situation intérieure reprend la vedette. Sur ces points, du côté républicain, Mitt Romney est plus précis, son statut de chef d’entreprise fortuné lui donne une légitimité, et, du côté démocrate, Hillary profite de son crédit de femme d’expérience, ex-first lady. Les différents thèmes de la campagne affectent des populations particulières : les questions économiques touchent deux catégories d’électeurs : les décideurs (traditionnellement du côté républicain) et les travailleurs (attachés majoritairement aux valeurs démocrates). Mitt Romney a donc le profil pour faire un bon éléphant et Hillary une ânesse efficace. Barack Obama qui incarne un idéal « de société » et pas de « développement » est plus soutenu par les intellectuels et les jeunes « Volvo-driving and latte-drinking voters », autrement dit les bobos US.
D’ici au super mardi, d’autres échéances arrivent : les primaires et caucus en Caroline du Sud, en Floride et dans le Maine. Ils seront des avertisseurs. Aujourd’hui 21 janvier est aussi l’anniversaire de la naissance de Martin Luther King (tous les 3ème jeudis du mois de janvier). Discours et déclarations sont à surveiller.