Max | Pélerinage

Publié le 20 janvier 2011 par Aragon

Dans ce vieux village,

pas à pas, j'ai suivi ta trace,

René-Guy Cadou, fils de la Brière.

À Saint-herblon, aux bords de Loire, tu vins,

pour enseigner lecture et calcul...

Un jour, je suis entré dans la maison du tonnelier

où tu te réfugiais, près de l'auguste lampe.

La Mère Moreau m'a conduit dans "la chambre noire sur le nord",

jusqu'au lit de "Monsieur René"...

De ses mains ridées, elle a tapoté le gros édredon rouge...

Il régnait, en cette retraite, un air doux au corps et à l'âme.

Ici, René-Guy, tu as rêvé à Rimbaud et à Jammes.

Tu as écrit :

"Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète

Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui

Que chaque noeud du bois renferme davantage

De cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt..."

Ô poète, près de ta couche, ma main posée sur la table,

J'ai senti une prière ancienne sourdre en moi... 

- Monsieur Roger, me dit Marie Moreau - quand nous fûmes sur le seuil :

- Comment va votre mère ? ... Hier, j'ai dit mon chapelet pour elle... 

Roger GONOT, 2002