Je viens de lire un livre lourd comme une pierre autour du cou. Le roman de Xavier de Moulins, "Un coup à prendre". Le pitch de l'attachée de presse était gentiment séduisant : Comment un homme, après sa séparation avec sa femme, entre enfin dans son rôle de père et entame une belle relation avec ses filles. Actuel, sociétal, parfait pour une interview dans le Magazine Egg...
J'attaque la lecture et là le texte m'attaque. Il quitte sa femme en lui reprochant d'être devenue mère. Son texte claque, pousse, coupe comme un minuscule éclat de vérité, ça pique, ça tire, ça tranche, comme si de toute manière il n'y avait plus rien à perdre de tout dire, tout lâcher. Alors il lance les bombes : "Loin des promesses de nos débuts, nous étions devenus des déchets radioactifs: narcissiquement mort, spirituellement éteints, physiquement à l'abandon, psychologiquement ratatinés, affectivement ruinés. Vautrés dans un confort de routine.(...) Le déclic s'est fait sur un constat idiot, Alice avait grossi, ou plutôt elle avait du mal à retrouver sa ligne après la naissance de Claire, et moi je m'impatientais. Ne pas oublier que dans grossesse, il y a grosse. Je n'avais pas signé pour finir avec un éléphant de mer militant à Greenpeace. J'avais aimé une bombe atomique et mon Hiroshima me manquait. Je sentais qu'il y avait eu tromperie sur la marchandise. J"avais loué un bungalow pour deux avec une plage privée et je me suis retrouvé dans l'enfer d'un hôtel club donnant sur le parking des autocars et personne pour me rembourser"... Bon je vais vous épargner d'autres souffrances en cessant les citations et je tiens également à vous rassurer, ça se termine bien puisqu'à la fin du livre il réalise combien il s'est trompé de combat. Et il souffre souffre souffre, seul. Ouf.
Néanmoins, je ne l'envoie pas au bûcher, j'ai été secouée dans tous les sens, attaquée de toutes parts, mais je n'ai pas lâché le roman. Tout est découpé en mini scenettes, comme de rapides coups de projecteurs sur les détails qui fâchent... C'est plutôt ça le titre qu'aurait dû avoir ce roman : "les détails qui fâchent"... J'ai beaucoup aimé celle avec l'agent immobilier qui voit passer plus de pères célibataires à la ramasse que de jeunes couples heureux. Les scènes en voiture sur le périphérique où l'on sent très bien que son esprit tourne en rond et qu'il en devient presque fou. J'ai aimé sa tentative de rédemption. ça ne marchera pas auprès de sa femme, mais ses enfants apprécieront sûrement plus tard. Je conseille vivement la lecture de "Un coup à prendre" de Xavier De Moulins, ne serait-ce qu'à titre préventif... (Sauf pour ma Gégé, ce serait trop dur pour toi cette fin du mythe du Prince charmant)
Bon maintenant que j'ai bien été essorée, que penser de tout ça... La vie, l'amour, le couple... NE PAS PENSER... Fanny... NE PAS PENSER... faire dodo... demain sera une journée extraordinaire ! J'ai hâte !