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Démission en Tunisie, mais que veulent les Tunisiens? Pourquoi le mouvement de révolte ne cesse pas?
Publié le 19 janvier 2011 par PlusnetÀ peine quelques heures après sa formation, le nouveau gouvernement d'union nationale tunisien tombe suite à la démission de 4 ministres. Le but avoué des démissionnaires est de contester le fait que plusieurs individus de l'ancien régime autoritaire de Ben Ali sont présents dans le nouveau gouvernement. Mais qu'en est-il pour les populations locales? Aurait-il été préférable que ces ministres démissionnaires restent au gouvernement pour faciliter la stabilisation du pays? La réalité c'est que concrètement, pour la majorité des tunisiens, cela ne fait pas de différence.
Qu'on remplace le président-dictateur par n'importe quelle administration démocratique, cela ne changera pas la réalité capitaliste moderne, à savoir qu'il y a de moins en moins d'emplois enrichissants et épanouissants. Nous l'avions souligné dans notre article "La jeunesse tunisienne refuse d’être considérée comme du bétail! Ce n’est pas un simple soulèvement contre le chômage" : la jeunesse tunisienne ne se révolte pas contre le chômage et la quantité des emplois, mais leur QUALITÉ! Les Tunisiens ont un taux de diplomation universitaire très élevé, pourtant, 42,5% des diplômés universitaires sont sans emplois. On préfère payer moins cher des individus sans diplômes que faire appel à un universitaire qui exigera une rémunération tenant compte de son niveau d'éducation. Avec la centralisation des pouvoirs économiques et politiques entraînés par le régime capitaliste, de moins en moins de travailleurs formés seront nécessaires. En Tunisie, comme en Algérie, en Égypte et même ici au Québec, on limite l'accession au système d'éducation supérieur, dans le but de limiter la diplomation.
La démission des ministres tunisiens à peine quelques heures après la formation du nouveau gouvernement d'union nationale peut sembler héroïque à première vue. La réalité c'est que ces ministres démissionnaires n'ont aucune idée de la marche à suivre. Qu'est-ce qu'ils ont à offrir, que revendiquent-ils? Ils prétendent que c'est pour protester contre la présence de vétérans de l'ancien régime de Ben Ali. Ils prétendent vouloir instaurer une république parlementaire à l'occidentale. La réalité c'est que les Tunisiens n'y seraient nullement gagnants, sinon très peu. Peut-être veulent-ils instaurer une république comme c'est le cas en Égypte ou en Algérie? Pourtant, ils ne s'en vantent pas! Probablement parce que ces pays sont également touchés par des soulèvements populaires causés par la précarité des emplois et leur très faible qualité et rémunération. On le constate partout, ce n’est pas la forme de régime qui compte, mais l’organisation économique de la société. La réalité c'est que pour les tunisiens, une république parlementaire semblable à l'Algérie ne serait pas très différente de la monarchie marocaine ou de celle qu'ils viennent de se débarrasser. On a beau mettre la main et saisir les acquis de l'ancien monarque Ben Ali et de ses proches, si c'est pour que cette richesse et ces actifs reviennent à une poignée d'individus qui formeront l'élite de demain, on ne sera pas plus avancé! Le système capitaliste entraîne une centralisation du pouvoir économique et politique, nous l’avions souligné dans notre article “Pourquoi combattre le capitalisme : Ce que les libertariens et la droite refusent d'admettre”.
Le mieux que les Tunisiens peuvent attendre de leur future organisation politique, c'est une promesse de créer des emplois et de faire augmenter le salaire moyen. Ainsi, on continuera d'avoir des universitaires chauffeurs de taxi et grilleurs de boulettes chez McDo... mais avec une poignée de sous de plus. Plusieurs peuples sur la planète, dont certains sont gouvernés par des parlements démocratiques, sortent dans les rues pour dénoncer le chômage, les prix trop élevés et le sentiment parmi la population que les richesses du pays ne profitent qu‘à une minorité. C'est le cas en France, c'est le cas également en Grèce et c'est un constat qui se généralise de plus en plus mondialement. L'éducation et les diplômés qu'elle génère sont de plus en plus perçus comme des obstacles à l'accumulation de la richesse. On atteint le fond du baril, le summum de la bassesse intellectuelle. Tel que l'affirmait Aristote, « Il est dans l'intérêt d'un tyran de garder son peuple pauvre, pour qu'il ne puisse pas se protéger par les armes, et qu'il soit si occupé à ses tâches quotidiennes qu'il n'ait pas le temps pour la rébellion.» Les chaînes économiques des tunisiens et de tous les peuples de la planète ne seront pas rompues par la simple volonté d’un gouvernement central, même élu démocratiquement, mais par la pression et l’organisation populaire des masses exploitées de la Terre. Il faut dès aujourd’hui s’unir en groupe de 25 individus et continuer l’édification de notre instance politique mondiale qui viendra à bout des dictas des corporations multinationales et des États corrompus.
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