Je ne remercierai jamais assez Dave de m’avoir poussé à écouter "Stars", track de l’année selon moi et tête de gondole d’un album jouissif de bout en bout. Personne, je dis bien personne n’en a parlé (ou alors qu’il se lève maintenant ou se taise à jamais) et pourtant… Certes le duo à l’origine de ce disque n’est pas au top niveau communication, c’est même un bel euphémisme. Même ceux qui lisent ce blog depuis le début ont sans doute oublié l’interview et la chronique par Fabien de cet énigmatique danois qu’est Peter Visti. Ancien footballeur reconverti sur le tard à la musique baléarique, on sait très peu de lui. C’est encore pire pour son comparse Jakob Meyland quasi absent du web. Mais les deux amis travaillaient ensemble depuis 2003 pour jeter en pâture l’année dernière cet OVNI disco, au sens noble du terme.
Commençons donc par "Stars". La basse disco qui entame, les guitares qui s’installent, puis la rythmique qui les rejoint tranquillement. Quelques notes de piano puis des nappes de synthé bien troussées. Un bébé qui pleure. Le piano qui se fait sa place, les synthés qui s’accrochent. Le morceau prend son temps puis des voix incantatoires qui annoncent l’explosion à 3’50", l’une des plus belles de 2010. Le son qui se fait plus fort et ce piano qui continue de nous entraîner. Le synthé qui se fait dramatique, mais pas trop. Et enfin cette voix sourde et pleine de relief qui en enchaîne une autre plus agressive. C’est parti pour un délicieux couplet / refrain "Just follow me / I’ll show you the way to the stars". Simple mais efficace. Les voix se muent en chœurs de l’armée rouge et le morceau qui continue encore de monter. Le duo vient d’inventer la prog disco funk en 8’18". On en reste sans voix.
Et des morceaux comme ça il y en a d’autres. Comme "Yes Maam" le premier morceau qui les a fait connaître ensembles. C’est un morceau d’électro disco minimal, avec guitare classique, et psaumes de "negro spiritual" comme ils disent. Le credo "All night long" est récité en boucle et le tout est dansant à souhait, sans aucune vulgarité. Il y a aussi les huit autres minutes de "Leave your worries". Encore cette voix venue de l’espace, qui annonce les instruments au fur et à mesure qu’ils se rajoutent : "Here come the bass". Qui prend son temps. "Here come the drum". Puis "Here we’re introducing the piano". Au milieu, c’est un break déchirant de voix / piano qui annonce encore à 3’50" (coïncidence ?) la deuxième énorme explosion de ce disque, et donc de l’année : "One word only / It’s love". Je vous laisse découvrir par vous-mêmes.
Tous les titres ne sont pas comme ça non plus. Mais le niveau ne baisse jamais franchement. "The Chair" est aussi un rock cosmique de haute volée mené tambour battant sur un rythme pulsatoire qui fait son effet. A l’image du reste du disque, ce tracks est à la fois taillé pour le dance floor ET pour le canapé. Etrange comme situation. Il y a même une reprise : "Nightclubbing" de Grace Jones. Pas mal. Vous reprendrez bien un petit dub oriental ? Mais bien-sûr puisque "Slowly" est là pour faire tampon avant le funky "I’m scared" et son refrain que je ne comprends sur le cannabis. Un génial texte scaté et obsédant plus tard ("Diggy dang" ?!?), "Something in the way" clôt le trip avec beaucoup trop de miel pour moi, c’est dire. La seule fausse note à mon goût. Ah oui, il y a quand même un long jam de onze minutes à la fin. Pour le fun.
En bref : aussi bien destiné aux néophytes qu’aux initiés, Visti & Meyland selon le nom de ses créateurs est un disque universel de prog disco susceptible à la fois de vous faire squatter le salon et de vous faire décoller sur dance floor. Salutaire et tout bonnement génial. Une bonne claque dans la gueule.
Seules infos disponibles, sur le site du label Bear Funk
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