PHOTO
Fils de libraire, passionné par l'écrit, André Kertész a multiplié les photographies de personnes plongées dans la lecture d'un livre ou d'un journal. Ce fut un thème récurrent tout au long de sa vie, et la sélection de soixante images de cette exposition permet de le suivre à la trace. Depuis ce compagnon d'armes dans les tranchées austro-hongroises qui s'extirpe de la boueuse réalité en s'abîmant dans la bible, jusqu'à cet homme mûr prenant le soleil sur un toit de New York que Kertész observe au téléobjectif depuis la fenêtre de son appartement. Devenu célèbre dans le Paris de l'entre-deux-guerres, le Hongrois impose un ton bucolique à la capitale avec ce lecteur sur les berges de la Seine ou cet autre sur un banc en bois au jardin du Luxembourg. A la façon d'un jazzman qui improvise sans jamais oublier son thème principal, Kertész joue sur une grande variété de cadrages pour rendre palpable le territoire invisible qui se dessine autour de tout lecteur, à l'abri du monde extérieur. Comme dans une bulle.
Contrepoint de l'admirable rétrospective parisienne de Kertész (1), cet hommage à la civilisation de l'écrit serait totalement enthousiasmant si, une fois encore, le château de Tours ne proposait pas de frustrants tirages modernes, faute d'avoir les installations thermiques et hygrométriques pour présenter les originaux. Quel gâchis!
(1) « André Kertész », jusqu'au 6 février à la Galerie nationale du Jeu de paume, Paris 8e. Tél. : 01-47-03-12-50
Jusqu'au 1er mai au château de Tours (37). Tél. : 02-47-61-02-95.
Source : http://www.telerama.fr/art/andr-kert-sz,64624.php