Comme il semble déjà loin le temps où le président de la République volait au-dessus des sondages. Comme elle semble déjà loin cette époque bénie où le chef de l'Etat reléguait son collaborateur de Matignon à plus de 10 points dans les enquêtes d’opinion. Depuis, la croissance, qu’il avait pourtant promis d’aller chercher, se casse la gueule, le pouvoir d’achat est plus que jamais en berne, la peoplisation à outrance (et outrancière) de sa vie privée commence à lasser (et à écœurer) les Français. Bref, l’esbroufe sarkozienne montre au grand jour ses limites.
Face à cela, celui qui se voulait le président de la rupture, se jette à corps perdu dans les pas de ses prédécesseurs en accusant l’Europe de tous les mots. Ainsi après avoir promis tout et n’importe quoi (comme souvent) aux pêcheurs du Guilvinec en novembre, notamment une "exonération totale des cotisations patronales, pour aider les marins-pêcheurs et les navires" qui revient à faire payer la hausse du pétrole par la Sécurité sociale, Nicolas Sarkozy a profité d’un déplacement à Boulogne-sur-Mer pour jouer les matamores anti-bruxellois en déclarant : "la France va présider l'Union Européenne du 1er juillet au 31 décembre, c'est une opportunité pour sortir de l'affaire des quotas pour apporter une réponse beaucoup plus souple" (quotas que la France avait signés le 19 décembre 2007). Une sortie que Philippe de Villiers n’aurait pas reniée. Outre le fait que cela révèle un aveu d’échec cinglant deux mois après sa fanfaronnade du Guilvinec, le président de la République commence à agacer (pour ne pas dire plus) sérieusement ses partenaires européens à force de se croire tout permis. La preuve, même le commissaire européen français, Jacques Barrot, qu’il est pourtant difficile de qualifier de gauchiste, rappelle Nicolas Sarkozy, si ce n’est à la raison, au moins au droit en précisant que : "les quotas de pêche, c'est pas fait pour ennuyer les pêcheurs, c'est pour la survie des espèces et pour la survie de la pêche. On peut toujours parfaire les règles, mais il faudra toujours gérer correctement les réserves de pêche, sinon ce sont les pêcheurs de demain et d'après-demain qui se trouveront dans une situation impossible". Et d’ajouter qu’"il faut quand même bien comprendre que ça ne peut pas être une décision unilatérale. Le rôle de la présidence de l’UE est de dégager des accords". Difficile de faire plus clair : pour la Commission européenne, Nicolas Sarkozy n’est qu’un gros démago !!! Comme quoi la vérité peut parfois venir de Bruxelles…
Mais que le chef de l’Etat se rassure, si les technocrates bruxellois sont méchants avec lui (sans nul doute par méconnaissance de son génie… ou par jalousie en voyant sa compagne), il lui reste encore zélotes en France. A commencer par le député socialiste (???) de Boulogne-sur-Mer, Jack Lang, pour qui, dans les propos du chef de l’Etat "il n'y a là rien de démagogique, il y a là la volonté sérieuse d'établir une planification pluriannuelle selon des critères objectifs". Il va lui être difficile après ça de continuer à démentir son envie d’entrer au gouvernement…