Il n’y a pas de sang dans chacune des nouvelles, parfois même arrive un joli miracle (Tout peut aider), mais en général les hommes ne sont pas à la fête et les femmes se montrent telles qu’elles sont. Un homme, ce n’est guère qu’une queue et des muscles – voilà l’image qu’a la femelle américaine des mâles du cru. Une femme, c’est une égoïste qui se meurt de solitude – voilà l’image donnée par la femelle américaine de sa propre espèce. Avec ça, vous regarderez l’Amérique autrement.
Tout commence par une poufiasse boulimique (Chocolat noir) qui compenses ses frustrations en s’enfilant des gâteaux pour ne pas que les autres en aient. Très américain, ça ! Cela continue par un geek largué par sa pétasse et qui la surveille via l’informatique (De quoi j’m’e-mail ? – très bon titre en traduction). Il y a La fièvre de l’or et Crime au Capitole où l’arnaque Internet et la vengeance entre politicards se taillent la part belle entre deux baises. Une mère méritante se venge d’un fils drogué (Couguar) tout en satisfaisant ses propres appétits. Une fille de rien fantasme d’être quelque chose et croit qu’un déguisement suffit pour arriver dans la vie (Les vêtements des autres) ; le problème est qu’elle n’est pas seule à être aussi futée… Et c’est une prof d’anglais (l’équivalent chez nous d’une prof de français) qui écrit la nouvelle ‘Comment je me suis éclaté pendant les vacances’ : un ado de seize ans croit le grand jour arrivé en draguant une copine ; il le raconte en classe sous la forme d’une rédaction, malgré le vocabulaire limité et déformé de sa génération. La nouvelle écrite par Elisabeth George est quant à elle subtile et peut-être une tentation autobiographique (Jenny, mon amour).
Plonger dans les eaux profondes des mentalités féminines aux États-Unis, ce n’est pas si mal pour un recueil aussi gros. L’intérêt des nouvelles est inégal, certaines ne vous donneront pas envie de connaître une quelconque Américaine, mais vous ne vous ennuierez jamais ! Un très bon livre à offrir à ceux qui baillent passé vingt pages, comme à ceux qui ont un long voyage en train ou en avion à faire. L’intérêt des nouvelles est qu’on peut lire à petite dose.
Elisabeth George présente Mortels péchés (Two of the Deadliest), 2009, Pocket octobre 2010, 659 pages