La communion ou l'individualisme : à quelle liberté croyons-nous?

Par Victor Vieilfault @Vic_Vieilfault

Comme à chaque époque, la véritable scission politique relève de nos rapports différents à la liberté. Historiquement la gauche et la droite se sont cripés le chignon sur la marge d'action qu'ils laissaient à l'individu et à la société pour déterminer les moyens concrets à mettre en oeuvre pour laisser s'épanouir la première valeur de notre république : la liberté. C'est vraiment là que se situait la ligne de front : la droite plaçant le curseur davantage vers la famille, la gauche privilégiant une base assurée fondée sur l'enseignement de l'école de la République. L'une faisant plus confiance aux entourages affectifs et subjectifs, l'autre s'appuyant sur l'esprit de la nation et le côté plus objectif du cadre du programme scolaire.

En ce début de XXIème siècle, ce modèle binaire de la politique est en train de voler en éclats. Nous n'avons en réalité plus le luxe de nous payer un tel débat. Car si cette différence ci dessus rappelée a provoqué des débats passionnés et houlés, elle était enracinée sur un socle partagé : le bien commun et l'esprit de communion que l'on qualifiait parfois de fraternité. A cela s'est aujourd'hui substitué dans les têtes de nos élites dirigeantes les notions d'intérêt général et de respect de l'individu. Apparemment revêtues des mêmes intentions louables, ces nouvelles valeurs portent en fait la société individualiste comme la nuée porte l'orage.

La nouvelle religion des gouvernants européens consacre la fin des règles et des restrictions utiles à l'exercice de la liberté. Malgré l'expérience des siècles qui nous a montré l'étrange paradoxe reliant la liberté et le cadre à définir par chaque peuple dans lequel les hommes peuvent espérer en jouir, les politiques modernes ont cru bon d'emprunter le chemin périlleux et instable de l'affranchissement des barrières garantissant cette liberté.

C'est ainsi que les frontières ont été dénoncées et ouvertes aux vents du mondialisme et des flux migratoires grandissants. L'Europe a décidé d'installer sa "politique" dans une posture multiculturelle qui vise à promouvoir nos différences plutôt que ce qui nous rassemble. La commission européenne s'est même offerte le droit d'éditer un calendrier 2011 pour les étudiants du continent faisant figurer toutes les fêtes religieuses exceptées celles chrétiennes. Dans une directive récente sur le repos hebdomadaire, il est stipulé de tenir compte des revendications religieuses diverses qui demandent notamment la possibilité de se reposer un autre jour que le dimanche.

En validant ces conceptions relativistes, les européens ont pour le moment fait le choix de la société individualiste et communautariste qui promeut les droits multiples des citoyens sans les adosser à des devoirs. Cette vision de société ne représente pas celle de la République française fondée sur l'unité. Soyons-en assurés, la droite et la gauche du XIXème siècle ne s'amuseraient pas de cette dérive de fond.

Les hommes et les femmes de bonne volonté ne pourraient-ils pas se mettre d'accord sur le choix du dimanche comme repos hebdomadaire? Ce jour si spécial dans la vie d'un français. Celui qui permet à un peuple de communier à un même silence matinal et à un rythme urbain relâché. Cette forme de solidarité dans le repos qui fait dire aux catholiques qu'il communient au même Corps et aux autres qu'ils goûtent au même esprit. Celui d'une nation millénaire qui a réussi à instaurer une culture commune permettant à chacun de s'abriter jalousement et discrètement à l'ombre des ailes d'une espérance : la France.