Doseur de bulles - L'orc qui valait 2 pièces d'or

Terrible est mon désarroi, car Grégory Maklès a su me piéger dans ses filets avec Rupert, récit d'heroic fantasy décalé publié chez Carabas. Or, son Stevostin, dont les aventures sont publiées par la même maison, est plutôt du genre à me faire prendre mes jambes à mon cou (et partir en courant sur les mains, blablabla).
Certes, je pars biaisé, je ne suis absolument pas client des MMORPG et donc, de World of Warcraft, ici parodié sous forme d'une successions de gags hérités du format blog (les planches ont vu le jour sur le net avant d'être colorisées et publiées en album). Pourtant, j'estime avoir assez de connexions avec les jeux vidéo pour ne pas faire partie de ceux qui ne bifferont rien à cette production. Connexions qui m'ont en tout cas permis d'apprécier certains traits d'esprit, relatifs à des aberrations bien connues des gamers : les quêtes Fedex et la nature même de leur contexte qui fait que tous les joueurs amènent la même lettre au même personnage sans qu'il soit embarrassé, l'annihilation de créatures minables pour progresser en début de partie, l'appétit insatiable pour l'expérience dans l'optique de devenir plus puissant, les concours de zguègues que devient cette course à l'xp, les analphabètes des temps modernes qui ruinent l'ambiance...
Malheureusement, ces quelques private jokes bien roulées ne suffisent pas à rendre l'orc Stevostin sympathique. Au contraire, lorsque les gags ne sont pas simplement fades, la majorité de ces péripéties se retrouvent flinguées par un humour scato bien lourdingue, quand ce n'est pas le sentiment de lire une bande-dessinée bâclée sur le plan graphique qui laisse un goût pas franchement fameux en bouche. Et ce n'est pas tant l'aspect volontairement gribouillé, genre "je fais ça vite fait pour mon blog", qui me fatigue (certaines vignettes ne sont pas vilaines), mais bien l'absence quasi-totale de décors, pourtant primordiaux dans le sujet d'origine. Bref, à moins d'être un intoxiqué de World of Warcraft et de se bidonner comme une truie à la lecture d'un "prout", ou d'un "meeeeerde", les amateurs de détournements vidéoludiques seraient mieux avisés de se pencher sur Gone with the Blastwave. J'en parlerai peut-être un jour, tiens, même s'il est aujourd'hui moribond.

Stevostin (Carabas) - 2007
Verdict du Père Siffleur
et demi