Venue avec ses parents, en 1907, dans le Grand Nord canadien, Valentine Pitié se retrouve bientôt orpheline et après une longue errance solitaire avec ses chevaux, elle est sauvée de l’épuisement, de la faim et du froid par Yakupi, un Inuit chasseur de phoques. Désormais elle sera Arnatak et s’habituera aisément à la vie et aux habitudes du petit groupe où elle est accueillie.
Tout se partage dans les igloos, tout est mis en commun, or Yakupi vit avec sa femme, son père et ses deux enfants. Tous sont heureux de la présence rieuse et joyeuse de la jeune étrangère. Le jour, chacun travaille très dur pour trouver de quoi se nourrir et se vêtir mais le soir venu, on rit beaucoup et on se divertit sans fausse pudeur, sans confort mais dans l’insouciance la plus totale.
Le sexe est loin d'être tabou et l'auteur ne l'escamote pas. Il fait partie du bon côté de la vie au même titre que la nourriture. Malgré tout, le danger rôde et le pire, ce ne sont pas les ours ni les tempêtes de neige, ni aucun autre élément naturel mais bel et bien l’homme, sous les traits du rival, du voisin qui réclame sa part d’amour lui aussi et qui trouve que deux femmes pour un seul homme quand lui n’en a aucune, c’est injuste !
De là les événements plus sombres qui vont suivre jusqu’à ce que ...mais suite au prochain numéro ! Il n’y a pas vraiment de fin ! Le tome 2 s’annonce tout naturellement. L’histoire, on le sent bien, est loin d’être finie !
Le récit est ce qu’il est mais heureusement Benn est un dessinateur particulièrement doué car ce sont les dessins qui m’ont séduite et qui ont fait que j’ai beaucoup aimé cet album.
Les paysages, les animaux, les silhouettes humaines, les scènes de groupes sont évoqués d’un trait leste, précis, nerveux et léger avec des couleurs claires qui ne s’imposent pas outre mesure, tout cela m’a enchantée et ma lecture a été aussi heureuse que rapide !
Dommage qu’elle ait dû s’arrêter si vite, par la force des choses et par cette méchante habitude qu'ont les auteurs de BD de saucissonner leurs histoires, ce à quoi je ne me ferai jamais !
N’empêche, cette Valentine Pitié, je la suivrai encore, je n’en ai pas fini avec elle !
Valentine Pitié de Benn” tome 1 “ La Pierre du matin blanc" Éditions Dargaud, 56p.
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