A propos de Le frelon vert de Michel Gondry 2 out of 5 stars
A Los Angeles, un grand magnat de la presse décède subitement à la suite d’une allergie, léguant par là une fortune et un empire médiatique colossaux à son fils Britt Reid. Son journal, The Daily Sentinel, est le plus lu de la ville. Mais Britt Reid, trentenaire fêtard et immature, décide de se servir du canard pour monter une histoire de super-héros, combattant du crime organisé et de la pègre mais paradoxalement homme le plus recherché par la police. Aidé par son valet et bras droit Kato, Brit Reid devient le « frelon vert » sous la plume des journalistes du Daily Sentinel qui narrent au jour le jour ses exploits.
Adaptation d’une série américaine éponyme et culte des années 1960 (qui avait révélé le jeune Bruce Lee) tirée elle-même d’une émission radiophonique du même nom des années 1940, Le frelon vert (en anglais The green hornet) souffre d’une certaine légèreté (pour ne pas dire faiblesse) dans son scénario et du jeu de Seth Rogen (Britt Reid/Le frelon vert) qui en fait un peu trop.
Ce n’est pas que l’on ne rit pas parfois des bonnes blagues du frelon vert, mais la manière constamment démonstrative dont Seth Rogen (sur)interprète son personnage lasse non seulement mais laisse peu de place aussi à son acolyte Kato (Jay Chou). Leur duo est un peu bancal du coup et ne fonctionne pas comme prévu. Ce qui est gênant, ce n’est pas la démesure des cascades (de plus en plus rocambolesques et invraisemblables) du film ni l’outrance du personnage excentrique et dingue du méchant russe de service (Christoph Waltz alias Choudnofsky), mais l’exagération des blagues du personnage de Seth Rogen. Comme si en forçant ainsi le rire de son héros, Gondry avait voulu faire en sorte que l’humour du film s’adresse plutôt à des enfants.
Kato est un bricoleur de génie qui a inventé la fameuse Black Beauty, cette voiture noire aux phares verts équipée de mitrailleuses et de tout un attirail digne des meilleurs James Bond. Ces parties qui décrivent toutes les trouvailles de Kato (la voiture « customisée » mais aussi la machine à café, le pistolet à gaz endormant, etc…) constituent la meilleure partie du film. Mais à l’image d’un Britt Reid voulant s’accaparer la paternité de toutes ces trouvailles et constamment le meilleur rôle, le personnage de Seth Rogen est un peu fatiguant et étouffe le personnage sensible de Kato, dont on aurait aimé voir plus de développements sur son enfance chaotique, d’où lui viennent ses talents de bricoleur virtuose mais aussi ses liens avec la secrétaire de Britt Reid (Cameron Diaz) pour qui il a le béguin et qui le lui rend bien.
En revanche, ce qui constitue un enjeu intéressant et étonnamment contemporain dans Le frelon vert, c’est la métaphore sur le pouvoir de manipulation de la presse. Britt Reid, propriétaire et éditeur du Daily Sentinel, a inventé de toute pièces ce personnage de super-héros adulé par toute la ville pour son combat contre la pègre incarnée par Choudnofsky. Pour pimenter son existence et pallier à la vacuité de son existence de fils oisif et indigne d’un père riche et célèbre, mais aussi combler un manque affectif et de reconnaissance (d’admiration ?) dont il a toujours souffert (sa mère est morte très tôt et son père a toujours été dur voire méprisant envers lui). Ce n’est pas tellement pour enrichir davantage son journal, la création de ce héros, mais par jeu. Un jeu devenu aussi enivrant que capable de donner un sens et une consistance à sa vie. Comme Zoro, Britt Reid fera finalement preuve d’un courage insoupçonné.
Si le père de Britt s’était un temps corrompu avec le procureur pourri de la ville et Choudnofsky, il a payé sa rédemption de sa vie. Le fiston Britt Reid non plus n’acceptera aucun compromis avec les méchants. Tel père, tel fils. La morale est sauve dans Le frelon vert. Qui a dit que « rien ne poussait à l’ombre des grands chênes » ?