La séance était à 19h45. Lorsque cette heure sonne, comme attendu l’écran s’anime. Alors que tout le monde est encore en pleine discussion dans la salle et que le flot de spectateurs continue à entrer, le logo de la Columbia apparaît avec le flou de la 3D. « Ah ! Une bande-annonce en 3D » m’exclamai-je en enfilant les lunettes. « Ils pourraient éteindre la lumière pendant les bandes-annonces ». Un gamin jouant avec une figurine de super-héros à travers la vitre arrière d’une grosse voiture apparaît à l’écran. Quelques dizaines de secondes plus tard, il est dans un grand bureau en compagnie d’un Tom Wilkinson rajeuni avec une teinture noire. « Mais… c’est… C’est le film ?! ». Effectivement le titre The Green Hornet apparaît à l’écran. Le film commence bel et bien, toutes lumières allumées, à l’heure où les bandes-annonces devraient se montrer et alors que les spectateurs continuent à entrer dans une salle où le film n’est censé débuter que dans un gros quart d’heure.
The Green Hornet était de ces projets avançant en trébuchant à Hollywood, les réalisateurs, scénaristes et acteurs se succédant pendant des années sur le projet sans parvenir à le faire décoller. Jusqu’à ce que cette combinaison idyllique soit trouvée : Seth Rogen et son habituel complice Evan Goldberg (qui ont écrit et produit ensemble Superbad) au scénario et à la production, Michel Gondry derrière la caméra. Rogen s’emparant à l’écriture des aventures du Frelon Vert et de son sacré sidekick Kato, et Gondry s’essayant pour la première fois à une grosse machine hollywoodienne, c’était un vrai pari. Et un pari amplement réussi par les protagonistes.
Christoph Waltz campe bien son méchant (écrit avec humour), Cameron Diaz est impeccable en secrétaire objet de l’attention de Reid et Kato, et les caméos sympas de James Franco et Edward Furlong sont remarqués. Mais aucun d’eux ne parvient à voler la vedette au duo Rogen/Chou. Et certainement pas la 3D non plus, parfaitement inutile, et qui j’en suis sûr dessert au final le film plus qu’elle ne l’améliore. Seules les séquences au cours desquelles la caméra nous fait voir à travers l’œil de Kato et son agilité remarquable semblent justifier scénaristiquement l’effet à la mode, mais dans les faits, il ne fait aucun doute que ces scènes auraient tout aussi bien fonctionné, voire mieux, si le film n’avait pas été gonflé en 3D. Tant pis. The Green Hornet est un exemple de plus prouvant que la mode de la 3D est abusée, même si cela ne retire en rien le fait que le film de Gondry, qui manie le blockbuster avec insouciance et talent, est un divertissement réjouissant.