Je sais pas si vous avez un background un peu chrétien catho, mais il y a des trucs à capter. Et je me sens obligé de contextualiser chaque fois que j’en parle. Ce qui est un problème et aussi une chance car ça me donne l’occasion de me masturber un peu, ici.
Je suis issu d’une branche des invisibles du catho, force très vive mais particulièrement inexistante sauf si on se décide à regarder sous le bénitier. Et tout le monde s’en fout des dessous de bénitiers comme des dessous de barbes de l’islam. C’est pas trop grave à la limite. Fils de militaire pas trop gradé, j’errais plus avec les curés de loubards, la vinasse dans les fonds de verres et les messes en 45mn parce qu’on a faim. Et ma mère me laissait sortir pendant l’homélie, ce qui m’a donné l’occasion de toucher, avec sainteté, bon nombre de bourgeoises intouchables, sans lendemain, et inédites dans mon collège en ZEP. Ou l’occasion de vivre dans le fantasme de les toucher. Quand on revenait le lundi, mes potes disaient avoir fait un foot après la mosquée vendredi soir et moi je disais être tombé amoureux de Bérangère une fois de plus dimanche matin. La confession. Je viens d’un univers catho un peu loin de Philippe De Villiers et des viols entre bro plus proche de Gérard De Villiers et des branlettes persos. Sans les mouchoirs, SAS. Ma culture chrétienne est celle de tous les bras cassés, des crados, des mecs de la rue qui mettent des coups de boule quand tu les regardes mal. Enfin pas moi, mais les grands autour. Un peu de skins qui ont rendu les armes, un peu de légion étrangère, pas mal de la DDASS et quelques nains en aube qui pissent sur la voiture du curé un peu trop latin dans le texte, ah ça c’est moi en fait. Dans ce contexte, on m’a toujours laissé choisir mes héros. Prends qui tu veux en modèle et nous fait pas trop chier le reste du temps. Ça s’est terminé sur MTV à 3 heures du mat sans avoir validé un seul semestre de ma vie en espérant me faire sucer par les prochaines magyares du Budapest – Paris, voulant boucler leur M2.
Mais il restait Tim Guénard, héros involontaire dans ma construction de foi. Son bouquin « plus fort que la haine » est le truc que chaque petit chrétien se voit offrir pour sa profession de foi ou confirmation si il a la chance d’avoir la bonne marraine, le bon parrain qu’il faut — Sans jugement de valeur. Dedans, Tim raconte sa vie comme il le fait ici à la télé belge, faut retenir son cœur car y a rien de pathos, rien de violent, juste une vérité et une espèce de modestie d’être gigantissime qui me fait chialer chaque fois que je l’évoque. Il appelle « dieu » le « big boss » comme un bon ouvrier de la foi et il le répète inlassablement (à chaque itw/rencontre) comme un ouvrier de la foi mais après le passage de Ford. En fait, j’ai jamais rencontré le mec sauf dans les bouquins là mais il me fait super flipper d’un côté. Niveau coup de boule, moi je suis toujours à deux doigts de m’en prendre un.
C’est un peu pour ça, à un moment de ma vie où j’étais vraiment rien sauf un tas sous codéine que j’ai décidé de devenir séminariste. Sans le dire à ma mère, ni à personne. Ça n’a pas duré longtemps, fallait que je donne un peu de ma force intellectuelle restante à n’importe qui, quitte à ce que l’on me pète un genou (le gauche est déjà bien faible, avis à mes fêlés). Prêtre était un bon truc pour ça, je me voyais bon curé urbain, au milieu du quartier, au milieu de ce que je connais bien. À vider l’église de toutes les dorures pour ne faire que des croix au gaffer sur les murs. Et même sans plaire à mon évêché j’y serais allé.
Merde, je dois vraiment y aller. J’en reparle quand je reviens.