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Révolution en Islande : simple réforme ou réelle révolution en émergence?
Publié le 18 janvier 2011 par PlusnetLe pouvoir est avant tout économique. Donc une révolution est nécessairement un recalibrage du pouvoir économique des individus. On a beau réformer maintes et maintes fois la forme du pouvoir politique, si le pouvoir économique reste inchangé, ce sera une réforme, non pas une révolution. En cela, la révolte tunisienne peut être considérée comme une révolution, car l’énorme pouvoir économique de l’ancien dictateur est sur le point d’être réduit en pièces, morcelée en faveur de la bourgeoisie nationale et internationale. À qui bénéficiera cette révolution? Probablement à la bourgeoisie nationale, aux proches de l’ancien régime dictatorial, et à la formoisie qui administre le travail dans le pays. C’est n’est pas encore une réelle révolution populaire, mais c’est un énorme pas en avant. Par contre, sans une organisation citoyenne assez organisée pour administrer démocratiquement l’économie de la Tunisie, ce ne sera pas une révolution citoyenne, mais une révolution bourgeoise, semblable à la révolution française de 1789. Parallèlement, selon nous, la ‘révolution’ islandaise n’est nullement une révolution, mais une réforme politique. Nous expliquerons ici pourquoi.
L’inauguration de la réforme islandaise a attirée l’attention par la promulgation d’une assemblée constituante dans ce pays. Alors que seulement 60% des électeurs ont participé à la composition de cette assemblée, certains individus rêvent déjà d’une révolution dans ce pays accablé par l’économie capitaliste mondiale. Cependant, il faut regarder qui finance cette assemblée, comment elle fut composée, quels sont ses objectifs et ses pouvoirs économiques. Une fois toutes ces réponses colligées, on se rend compte que nous sommes très loin d’une assemblée populaire révolutionnaire. Finalement, le terme “assemblée constituante” la définie très bien. Cette assemblée composée de 25 individus est d’abord l’initiative non pas du peuple, mais de l’État national central. Son mandat primaire, c’est avant tout de redéfinir la constitution (projet prévu de longue allène en Islande). L’assemblée doit également redéfinir le rôle et la place du président de la république, assurer l’indépendance de la magistrature, redéfinir les circonscriptions électorales, la propriété des ressources naturelles (avec but avoué de les nationaliser), fixer une position sur la légitimité de nationalisation du système bancaire et les moyens d’augmenter le taux de participation aux élections nationales. Il n’y a donc pas grand chose qui soit révolutionnairement économique là dedans! Le but n’est pas de redistribuer le pouvoir économique au peuple islandais, mais cette pseudo-révolution ressemble plutôt à une volonté d’actualiser le système politique islandais, ainsi que le désir de rendre les réformes bancaires légitimes. Bref, confirmer l’emprise de l’État islandais et sa bourgeoisie sur le peuple islandais.
Qu’est-ce qui peut laisser croire à des individus qu’une réelle révolution est en marche en Islande? Peut-être parce que l’assemblée constituante a pour mandat de réformer le système politique de l’Islande? Pourtant, dans n’importe quel pays démocratique, lorsqu’il est temps de modifier la constitution, on forme une assemblée semblable à l’assemblée constituante islandaise, dans le but de rédiger la future constitution. Elle est ensuite normalement soumise à un référendum populaire pour l’approuver ou la réfuter. Nous le répétons encore, ce n’est nullement un processus révolutionnaire populaire, mais une réforme démocratique! Peut-être que certains individus considèrent comme révolutionnaire le fait que dès le départ les banques ont été nationalisées? Pourtant, plusieurs pays ont nationalisés leurs banques en faillites lors de la crise économique de 2008. Peut-être que ces mêmes individus considèrent révolutionnaire que 93% des islandais ont rejetés les modalités du remboursement de la dette aux britanniques et néerlandais? C’est cela être révolutionnaire? Être fauché peut être prétexte à la révolte, mais refuser de payer ses dettes n’est nullement révolutionnaire en soit! En faisant ainsi, on ne veut pas redistribuer le pouvoir économique aux citoyens, on veut protéger la bourgeoisie et la formoisie islandaise dans le grand jeu de la concurrence mondiale.
La définition du fascisme, c’est justement l’État démocratique qui oeuvre avant tout pour le bien de sa bourgeoisie nationale avant le bien être de sa population. Dans le meilleur des cas, il s’agit d’un glissement vers la gauche sociale-démocrate de la politique islandaise. Mais attention par contre, il faut garder en tête que la marge entre sociale-démocratie et fascisme est très mince. Si l’État islandais continu de protéger sa bourgeoisie nationale alors que le citoyen moyen perds encore plus son emprise sur le pouvoir économique du pays, ce n’est pas une réforme qui aboutira en Islande, mais une réelle révolution. Dans le futur, les révolutions ne seront pas nationales, clôturées dans un pays donné, mais mondiale, avec le but avoué de surpasser le capitalisme pour le bien être de chaque être humain....et de la nature.
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