Les sept merveilles du folk moderne selon Swann

Publié le 18 janvier 2011 par Swann

L’idée est partie de la lecture d’un article : d’une chronique du dernier album d’Iron & Wine, qui expliquait que le projet de Samuel Bean était sans doute l’un des plus beaux avec celui de Sufjan Stevens. Que ces deux-là étaient un peu les maîtres du nouveau folk, un peu comme Simon & Garfunkel ou Crosby, Still & Nash à leur époque. Du coup, en repassant les différents groupes/projets folk actuels je me suis posée la question de savoir quels étaient les autres meilleures formations folk. Il y en a beaucoup c’est vrai, mais je me suis arrêtée à sept. Sept c’est cool comme chiffre je trouve : on parle des sept nains de Blanche-Neige, des sept jours de la semaine, du G7 avant qu’il devienne le G8, des sept merveilles du monde… Donc moi j’ai voulu faire mes sept merveilles du Folk. Bien sûr c’est encore selon moi, et j’ai bien conscience que ce n’est pas l’avis de tout le monde !

Iron & Wine, le Roi Mage

La musique est paisible, les arrangements luxurieux, les textes racontent de belles histoires qui nous laissent rêveur. Chacun des albums de l’unique tête pensante d’Iron & Wine est une pépite. Du folk ascétique et doux, une voix apaisante et lumineuse, et surtout des chansons habitées. Iron & Wine tout entier peut nous faire penser à un tableau de maître italien. Des finitions parfaites et aucune volonté de faire dans la démesure. C’est un mage discret  qui fignole et dessine en toute discrétion les traits d’un folk céleste et sublime se rapprochant à chaque galette de la perfection. 

Sufjan Stevens, le génie insolent

Sufjan n’est jamais là ou on l’attend, c’est là, la marque de fabrique de ce brillant touche-à-tout à la voix haut-perchée et au jeu de guitare flamboyant. Le garçon nous a démontré qui maîtrisait aussi bien les instruments organiques qu’électronique. Il a fait pleurer l’Amérique avec son Illinoise et son Michigan, a fait couler énormément d’encre et avec sa dernière galette. Ce génie multi-instrumentiste ne cesse d’émouvoir en s’ouvrant toujours un peu plus dans ses compositions et ses textes abordant amours, foi et chagrin. A chaque nouvel album, Sufjan éclate et éclabousse le monde de la musique de son talent, et démontre qu’il a toujours une longueur d’avance sur les jeunes loups qui essayent de se placer dans son sillage.

Alela Diane, la grâce naturelle

Alela Diane doit être une sorcière, ou une magicienne qui a coup de gratte et de compositions intemporelles envoûtent quiconque l’écoute. Son folk dépouillé et sa voix provoque en chacun un émoi sans mot. On est transporté loin. Ou ? On ne sait pas trop. Dans un autre espace-temps sans doute, tellement l’univers d’Alela Diane semble venir d’une autre époque, désuète, ancestrale, profond. D’ailleurs c’est elle-même qui définit le mieux sa musique, et pour ne pas déformer ses mots, je les reprends ici : « Je crois que les chansons que j’écris me dépassent un peu. J’ai l’impression qu’elles viennent d’horizons plus lointains. La majorité d’entre elles parle du passé, d’histoires anciennes ou de l’enfance déchue… Dans un sens, je pense qu’à travers elles je fais circuler les histoires de personnes qui ont disparu depuis longtemps et qui ne sont plus là pour les raconter. Je suppose que c’est aussi comme ça que s’est toujours développée la tradition du folk »

Bon Iver, le diamant brut

Un garçon me disait un jour « quand j’ai besoin de pleurer, je mets du Bon Iver« . Ben c’est un peu la même chose. Les textes ne sont pas joyeux, la musique suscite des frissons, mais plus encore, c’est la voix particulière de Justin Vernon qui nous frictionne l’échine et nous arrache des larmes. L’histoire de Bon Iver, tous les fans de folk la connaisse, c’est dans une cabane dans la forêt qu’il a enregistré son album après une douloureuse rupture amoureuse. Emma, j’ai envie de te dire, merci d’avoir brisé le cœur de ce Justin, sans toi jamais il n’aurait écrit un si bel album, jamais je n’aurais autant écouté une chanson en boucle (« Skinny Love » si vous voulez tout savoir), et jamais je ne me serais autant intéressée à toutes ses pépites folk outre-Atlantique.

Syd Matters, le folk céleste

Nos français n’ont rien à envier aux américains. C’est ce qu’on se dit quand on écoute les albums de Syd Matters et quand on voit aussi le quintet parisien en concert. Il se passe quelque chose de magique quand Jonathan Morali chante. La douceur des harmonies, la beauté des mélodies, l’univers des parisiens est planant, et riches de paroles aussi romantiques que poétiques. C’est beau, onirique, l’émotion est toujours au rendez-vous et au fil des albums on a l’impression que Syd Matters se bonifie. On pensait qu’ils avaient atteint la perfection avec Ghost Days, on s’était trompé, BrotherOcean est encore meilleur. Sachez d’ailleurs qu’ils sont en concert à l’Olympia le 29 mars et qu’il est possible de gagner des places ici.

Cat Power, la force tranquille

Elle a le charme d’une Lady de l’ancien temps, et elle chante des chansons intemporelles qu’on penserait également venues d’une autre époque. Quand Chan Marshall chante, le temps se suspend. Littéralement. On ferme les yeux et on s’imagine au milieu d’une clairière, on ressent une espèce de tristesse mais en même temps une étrange sérénité. De sa voix aux accents graves elle chante sa mélancolie, elle nous arrache des larmes avec  ses compositions remplies d’émotions, elle nous scotche avec ses prestations lives, et elle instaure entre son auditeur un lien étrange : en nous chantant sa douleur, elle nous invite presque dans son intimité, elle nous ouvre son cœur, et nous on est subjugué par ses histoires.

Ray LaMontagne, folkeux des bois

Il était une fois, un charmant et timide barbu qui vivait au fond des bois. Le jeune homme avait une voix de braise et une sensibilité à fleur de peau. Pour faire passer ses messages, il jouait des chansons à la guitare, et étrangement quand on l’écoutait on se sentait comme apaisé. Avec le temps, il a décidé de s’échapper un peu plus du folk traditionnel pour ajouter quelques teintes de blues ou de country rock, mais à l’effet est toujours le même : les poils de nos avants-bras se dressent et on se dit qu’on pourrait passer des jours et des nuits à écouter ce barbu de Ray Lamontagne nous chanter ses ritournelles.